Pourquoi les zèbres ont-ils des rayures ? Bonne question, restée sans réponse... jusqu'à présent. Selon des chercheurs, elles remplissent probablement plusieurs fonctions, dont celle d'éloigner les taons qui sucent le sang de ces animaux. Les rayures perturberaient la lumière polarisée qui permet à ces insectes de repérer leurs hôtes.

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    Le rôle des rayures du zèbre est une énigme sur laquelle de nombreux scientifiques se sont penchés. Sans véritable succès. Est-ce dans le but de se camoufler ? Ont-elles un rôle dans les interactions sociales ? Pas évident. Une étude vient de montrer que les rayures permettraient d'éloigner les taons.

    Ces diptères de la famille des tabanidés sont néfastes pour les animaux, à double titre. Ils sont d'abord vecteurs de nombreux agents pathogènes (bactériesbactéries, virus, protozoairesprotozoaires...). Ensuite, comme les animaux qui en sont victimes passent beaucoup de temps à les chasser de leur corps, ils en consacrent moins au pâturage. Ils produisent ainsi moins de lait et sont donc moins aptes à nourrir leur progéniture. Ces deux phénomènes provoquent une réduction du succès reproducteur.

    La lumière polarisée guide les taons

    Pourquoi les rayures repoussent-elles les taons ? Réponse : en leur présence, les diptères ne parviennent pas à distinguer leur hôte. Ces insectes sont en effet très dépendants de la lumière polarisée, qui leur permet notamment de repérer les étendues d'eau indispensables à la ponte et au développement larvaire. Or les rayures des zèbres ont pour effet de perturber cette lumièrelumière.

    Résultats des expériences réalisées par les chercheurs. À droite, les différents modèles de rayures pour lesquels l'attirance des taons a été testée. Pour chacun des six modèles, plusieurs largeurs de rayures ont été testées (sauf pour le quatrième où il s'agit juste de couleurs différentes). Le nombre de taons attirés lors de chaque expérience est reporté sur le graphique. La bande grise représente la largeur d'une rayure de zèbre (maximum 8 cm environ). © Egri <em>et al.</em> 2012, <em>Journal of Experimental Biology</em>, adaptation Futura-Sciences

    Résultats des expériences réalisées par les chercheurs. À droite, les différents modèles de rayures pour lesquels l'attirance des taons a été testée. Pour chacun des six modèles, plusieurs largeurs de rayures ont été testées (sauf pour le quatrième où il s'agit juste de couleurs différentes). Le nombre de taons attirés lors de chaque expérience est reporté sur le graphique. La bande grise représente la largeur d'une rayure de zèbre (maximum 8 cm environ). © Egri et al. 2012, Journal of Experimental Biology, adaptation Futura-Sciences

    Des travaux antérieurs indiquent qu'un cheval avec une robe plus claire est moins visité par les taons qu'un autre de couleurcouleur plus foncée, car la lumière polarisée dégagée par la couleur blanche ne permet pas aux parasites de bien visualiser leur hôte. Mais les expériences d'Ádám Egri et ses collègues, rapportées dans Journal of Expermiental Biology, montrent que la présence de rayures est encore plus perturbante pour les tabanidés.

    Les rayures des zèbres : un antiparasite efficace

    C'est en effectuant une série d'expériences avec des animaux de couleurs plus ou moins foncées, ou en mimant des rayures de largeurs différentes, que les chercheurs sont parvenus à mettre ce lien en évidence. Ils se sont ainsi rendu compte que plus les bandes sont fines, jusqu'à un certain point, moins les taons sont attirés. Leurs analyses montrent en outre que la largeur moyenne des rayures chez les différentes espèces de zèbres - il en existe trois - correspond justement à un optimum pour éviter ces parasites (largeur maximale de 8 cm environ).

    Pour autant, les chercheurs ne prétendent pas avoir trouvé l'unique solution à l'énigme des zébrures. Selon eux, il s'agit plus simplement d'une explication parmi d'autres et ils concèdent que les hypothèses avancées précédemment puissent être justes également. Être capable d'éloigner les parasites représente clairement un avantage évolutif mais les rayures en confèrent sans doute d'autres et il n'est même pas certain que la pressionpression de sélection qui mena à leur formation fut guidée par un parasite.