Les formes de mimétisme sont très courantes dans la nature. Mais celle qui est utilisée par certains papillons de nuit étonne les scientifiques. Ils ont en effet appris à imiter les ultrasons émis par des espèces toxiques afin de décourager leurs principaux prédateurs, les chauves-souris.

au sommaire


    Eupaglia_quadripunctaria (Ecaille chinée - France). GNU Free Documentation License.

    Eupaglia_quadripunctaria (Ecaille chinée - France). GNU Free Documentation License.

    La majorité des papillons de nuitpapillons de nuit se distinguent de leurs congénères diurnesdiurnes par des caractéristiques physiologiques allant bien au-delà des simples habitudes comportementales. Ainsi, nombre d'entre eux possèdent un système auditif très élaboré qui leur permet de repérer les chauves-souris aux ultrasonsultrasons émis par leur appareil d'écholocalisation.

    Vers la fin des années 70, les chercheurs avaient aussi démontré que certains lépidoptères, comme les arctiides, étaient capables d'émettre eux-mêmes des ultrasons sur la même fréquence au moyen d'un organe bien spécifique, localisé dans leur thoraxthorax, et appelé la timbale. Il s'agit en fait d'un moyen de dissuasion, car cette espèce renferme certaines substances toxiques et rapidement, les chauves-souris ont appris à les éviter sur la base des sons perçus.

    Mais il y a mieux. Jesse Barber, un jeune doctorant de la Wake Forest University (USA), et son professeur William Conner ont entrepris d'étudier le comportement collectif des chauves-souris occupées à chasser au moyen d'une caméra infrarougeinfrarouge, tout en réalisant un enregistrement synchronesynchrone des ultrasons émis. Ce qui était déjà pressenti s'est confirmé: les chiroptères associent les claquements sonores produits par les arctiides à leur mauvais goût, et aux désagréments provoqués par leur ingestioningestion, et celles-ci s'en détournent. Mais ils se sont aussi aperçus que les prédateurs évitaient systématiquement une autre espèce, très différente et inoffensive celle-là, car elle émet des émissionsémissions sonores de même fréquence que les arctiides.

    On connaissait déjà les contrefaçons visuelles et olfactives destinées à se protéger en imitant l'impression laissée par un animal ou une plante pour se dissimuler derrière un danger imaginaire... Il faudra désormais ajouter la contrefaçon sonore. Une fois de plus, au-delà de l'aspect purement scientifique, la nature ne mérite-t-elle pas toute notre admiration ?