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Ce calmar géant a été capturé en Norvège en 1954. Il mesurait 9,2 mètres de long. © NTNU (Museum of Natural History and Archeaology)
De tout temps, les calmars géants ont alimenté l'imagination des marins, des romanciers ou encore du public. Ces céphalopodes, proies particulièrement appréciées des cachalots, peuvent atteindre 13 m de long. Depuis quelques années, les scientifiques apprennent à mieux les connaître, grâce à la découverte d'individus morts, échoués sur des plages ou flottant à la surface des océans. Maintenant, les chercheurs peuvent aussi compter sur l'« aide » des pêcheurs pratiquant le chalutage profond, et qui remontent parfois un calmar géant. Ces animaux vivent en effet dans les grands fonds, où ils ont été filmés pour la première fois en 2012.
Thomas Gilbert, de l'université de Copenhague (Danemark), a récolté puis étudié les tissus mous de 43 calmars géants du genre Architeuthis. La plupart d'entre eux provenaient du Pacifique, de l'océan Indien et du golfe de Gascogne, au large de l'Espagne. L'ADN mitochondrial de ces calmars a été extrait, puis séquencé. Des doutes sont apparus à la lecture des résultats, poussant les chercheurs à les vérifier. En effet, tous les échantillons étaient génétiquement semblables. Quelle que soit leur provenance, les calmars étudiés appartenaient donc à une seule et même espèce, Architeuthis dux, et non sept comme on le supposait auparavant. L'information a été dévoilée dans les Proceedings of the Royal Society B.
La meilleure explication à une si faible diversité génétiquegénétique est la suivante : Architeuthis dux aurait failli disparaître voilà peu de temps, et sa population actuelle se serait redéveloppée à partir de quelques individus. Une situation similaire a déjà été observée pour un autre prédateur, le requin pèlerin (Cetorhinus maximusCetorhinus maximus)), dont la population est également marquée par une faible diversité génétique. Cette étude amène les chercheurs à se poser deux nouvelles questions. Comment expliquer le déclin des calmars géants, et à quoi doivent-ils la croissance actuelle de leur population ? Dans tous les cas, leur ADNADN montre que ces invertébrésinvertébrés pratiquent de longues migrations.