Alors qu’actuellement les mangroves et autres écosystèmes côtiers semblent plutôt bien s’adapter à la montée graduelle du niveau des océans, une nouvelle étude nous met en garde : l’accroissement de la vitesse d’élévation des océans en lien avec une hausse de 2 °C des températures signerait leur disparition quasi totale.


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    Mangroves, marais salés, îles coralliennes... autant d'écosystèmes côtiers essentiels à la biodiversité qui sont aujourd'hui menacés par la rapide montée des eaux.

    Alors que de récentes études révélaient à quel point ces écosystèmes étaient résilientsrésilients face au changement climatiquechangement climatique, un nouvel article tire la sonnettesonnette d'alarme. Résilients oui, mais jusqu'à une certaine limite ! Les mangroves ont, c'est vrai, la capacité de s'adapter à une élévation du niveau des océans. Ces environnements qui agissent comme un rempart naturel contre les vagues, qui stabilisent la ligne de côte face à l'érosion littorale et qui filtrent les polluants adaptent en effet leur système racinaire au fur et à mesure.

    Les mangroves sont des écosystèmes essentiels qui permettent notamment la stabilisation des côtes. © kmarius, Pixabay
    Les mangroves sont des écosystèmes essentiels qui permettent notamment la stabilisation des côtes. © kmarius, Pixabay

    Mais cette réponse est-elle suffisamment rapide face aux prévisions climatiques ?

    Une capacité d’adaptation, oui, mais trop lente face à l’évolution climatique actuelle

    Pour répondre à cette question, les chercheurs ont étudié la réponse des systèmes côtiers anciens face à l'évolution du niveau des océans au cours du temps, depuis le dernier âge glaciaire. Ces données ont été comparées avec des observations actuelles réalisées par imagerie satellite et montrant l'évolution des zones humides littorales ainsi que des îles coralliennes. Et les résultats, publiés dans la revue Nature sont plutôt alarmistes et illustrent encore une fois la nécessité de maintenir la hausse des températures sous la barre des +2 °C.

    L'étude montre que les marais des zones côtières, les îles coralliennes et les mangroves suivent plutôt bien le rythme actuel de la hausse du niveau des océans, qui tourne autour de deux à quatre millimètres par an. Mais certaines zones subissent une hausse apparente plus importante, du fait de l’enfoncement tectonique qui s'ajoute à l'élévation du niveau marin. Sous quatre à huit millimètres par an d'élévation apparente du niveau de l'eau, la situation s’avère alors plus compliquée, les écosystèmes n'arrivant pas à s'adapter assez vite, en particulier les marais et les mangroves. Or, ces vitesses d’élévation des océans correspondent à ce que les scientifiques anticipent dans le cas d'une élévation de la température de 2 °C. Une telle évolution climatique entraînerait, d'après les résultats de l'étude, la perte de 99 % des mangroves et des récifs coralliensrécifs coralliens, de 65 % des marais côtiers et de 4 % des îles coralliennes !

    Marais côtier en Camargue. Ce type d'écosystème est particulièrement menacé dans le cas d'une montée rapide du niveau marin. © Shadowgate, Wikimedia Commons, CC by 2.0
    Marais côtier en Camargue. Ce type d'écosystème est particulièrement menacé dans le cas d'une montée rapide du niveau marin. © Shadowgate, Wikimedia Commons, CC by 2.0

    Des écosystèmes bloqués entre la montée des eaux et l’urbanisation des côtes

    Sachant qu’il y a de très forts risques pour que la barre des +1,5 °C soit atteinte voire dépassée d'ici quelques années, il devient urgent, si nous voulons donner une chance à ces écosystèmes de survivre, de mettre en place des politiques d'aménagement du territoire permettant à la mangrove et aux marais de reculer à l'intérieur des terresterres. Ce n'est malheureusement pas le cas aujourd'hui, où l'urbanisation croissante des côtes menace déjà ces environnements.