Y aura-t-il bientôt une super-éruption en Méditerranée ? S’il reste difficile de répondre à cette question, une nouvelle étude révèle que ce type de catastrophe reviendrait de manière plutôt cyclique, tous les 10 000 à 15 000 ans.


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    Séismes destructeurs, éruptions, tsunamis... La région méditerranéenne est extrêmement active d’un point de vue géodynamique. Sous les eaux bleues se joue en effet un véritable affrontement tectonique entre plusieurs grandes plaques. Emblème de cette activité, l'Etna, en Sicile, est l'un des volcans les plus actifs au monde. Bien que très impressionnantes, ses éruptions à répétition ne présentent pourtant pas un danger majeur pour les populations et son activité est d'ailleurs bien moins redoutée que celle d'un autre volcan, situé dans la baie de Naples et dont la récente activité sismique a fait craindre le réveil.

    4 éruptions majeures en 50 000 ans, dont une qui aurait participé à la disparition de Néandertal

    Les Champs phlégréens représentent en effet un supervolcan dont la gigantesque caldeiracaldeira témoigne de la violence des éruptions passées. Un autre monstre dort d'ailleurs dans la région, à l'abri des regards, sous les eaux de la mer Tyrrhénienne. Soixante-dix kilomètres de long sur 30 de large et 3 500 mètres de haut, voilà les dimensions du Marsili, un volcan sous-marin faisant partie de l'arc éolien. Si son activité actuelle est plutôt modérée, certaines manifestations récentes ont commencé à inquiéter les spécialistes. Une éruption d'ampleur pourrait en effet avoir des répercussions majeures sur les côtes italiennes proches et densément peuplées. Pourtant, le risque reste difficile à estimer, à cause du manque cruel de données concernant l'histoire éruptiveéruptive de ce volcan.

    La mer Tyrrhénienne avec la localisation du volcan sous-marin de Marsili (forme allongée sur la carte de bathymétrie B). © Sawyer et al. 2023, Geology
    La mer Tyrrhénienne avec la localisation du volcan sous-marin de Marsili (forme allongée sur la carte de bathymétrie B). © Sawyer et al. 2023, Geology

    Une équipe de scientifiques a donc « scanné » en profondeur les fonds marins du bassin de Marsili, dans le but de retrouver les traces de cette activité volcanique passée. Dans les sédimentssédiments déposés au cours des derniers 50 000 ans, les scientifiques ont ainsi pu observer quatre dépôts volcaniques majeurs, chacun témoignant d'un événement catastrophique. D'une épaisseur conséquente allant de 10 à 25 mètres, ces stratesstrates composées de débris volcaniques ne semblent toutefois pas associées à des éruptions du Marsili ! Des forages ont permis de dater ces dépôts et ainsi de retrouver l'auteur de ces événements volcaniques majeurs.

    Une éruption catastrophique tous les 10 000 à 15 000 ans environ

    Sans trop de surprise, les données ont pointé du doigt le supervolcansupervolcan des Champs phlégréensChamps phlégréens. Les dépôts seraient datés de 36 ± 6 ka, 32 ± 7 ka, 18 ± 3 ka, et 8 ± 1 ka (ka signifiant « kilo-années », soit 1 000 ans). Au vu de la marge d'erreur, il apparaît donc que les deux dépôts les plus anciens pourraient être en lien avec la super-éruption survenue il y a environ 39 800 ans. Une éruption qui est d'ailleurs classée parmi les plus violentes qu'ait connues la TerreTerre. Elle aurait en effet plongé l'Europe et une grande partie de l'Asie dans un hiver volcaniquehiver volcanique, participant ainsi potentiellement à la disparition de Néandertal.

    L'activité volcanique des Champs phlégréens est bien palpable. © Fotolia, wildman
    L'activité volcanique des Champs phlégréens est bien palpable. © Fotolia, wildman

    Le troisième dépôt correspondrait à l'éruption datant d'il y a 14 900 ans. Les importants volumesvolumes de matériel volcanique émis sont à l'origine d'une roche aujourd'hui connue sous le nom de TufTuf jaune napolitain. Le dernier dépôt, toujours imputé au même volcan, résulterait quant à lui d'une éruption de moindre ampleur.

    Des résultats publiés dans la revue Geology qui pointent vers une récurrence d'éruptions catastrophiques tous les 10 000 à 15 000 ans dans cette région de la Méditerranée. Bien que ces données permettent de mieux comprendre l'histoire et le fonctionnement des volcans de la mer Tyrrhénienne, cette récurrence apparente ne permet pas de prévoir avec certitude quand pourrait survenir une nouvelle super-éruption des Champs phlégréens. Les volcans restent en effet imprévisibles et seule une surveillance accrue peut permettre d'anticiper un tant soit peu leur réveil.