Les zones humides jouent de moins en moins leur rôle d'atténuation du réchauffement climatique : elles rejettent désormais d'énormes quantités de méthane par effet feedback, un paramètre mal cerné dans les rapports de prévision sur le climat.


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    Les zones humides représentent 6 % de la surface de la Planète et elles sont également la plus grande source de méthane sur Terre, un gazgaz qui a un fort pouvoir réchauffant sur le climat. Le problème est que ce méthane naturellement enfermé dans l'eau, s'échappe de plus en plus avec la hausse des températures. Il s'agit de la « rétroaction climatique du méthane », un effet feedback causé par le réchauffement climatique, mais qui aggrave à son tour la hausse mondiale des températures ! À l'inverse, lorsqu'elles sont en bon état, ces zones humides absorbent le carbonecarbone et permettent donc d'atténuer le changement climatique.

    Une hausse exceptionnelle des émissions de méthane entre 2020 et 2021

    Les émissionsémissions de méthane issues des zones humides ont en effet augmenté encore plus vite que ce qui était envisagé dans les scénarios climatiques les plus pessimistes. Alors que les prévisions climatiques estimaient que les émissions naturelles de méthane augmenteraient de 0,9 million de tonnes par an, elles ont en fait augmenté de 1,2 à 1,4 millions de tonnes par an au cours des 20 dernières années.

    La hausse a été « exceptionnelle » dans les zones humides entre 2020 et 2021 selon une étude publiée dans Nature Climate Change  : 14 à 26 millions de tonnes en 2020 (l'année la plus chaude à l'échelle du globe) et 13 à 23 millions de tonnes en 2021. Les climatologuesclimatologues considèrent que le méthane a causé environ 30 % du réchauffement climatique depuis la révolution industrielle.

    En noir, la hausse calculée des émissions de méthane issues des zones humides. Prévus par le Giec : en bleu, le scénario le plus faible, et en rouge, le scénario le plus grave. © <em>Nature Climate Change</em>
    En noir, la hausse calculée des émissions de méthane issues des zones humides. Prévus par le Giec : en bleu, le scénario le plus faible, et en rouge, le scénario le plus grave. © Nature Climate Change

    Il faut préciser que la majorité des émissions de méthane proviennent tout de même de l'activité humaine (agriculture, élevage, industries...) : celles-ci représentent environ 60 % des émissions totales de méthane. Les 40 % restants proviennent de sources naturelles, en grande partie des zones humides, il peut aussi bien s'agir des marais que des mangrovesmangroves ou encore des tourbièrestourbières.

    Les zones tropicales relâchent les plus grandes quantités de méthane

    L'étude s'est concentrée sur les zones humides de deux extrêmes climatiques : celles du permafrostpermafrost dans les pôles, et celles des régions tropicales. Les zones humides du permafrost subissent de plein fouet la hausse des températures puisque les pôles se réchauffent 4 fois plus vite que le reste du monde. La chaleurchaleur réveille les microbesmicrobes auparavant endormis dans la glace, ce qui permet au méthane de s'échapper.

    Le développement de certains végétaux, dans les zones humides surchauffées, conduit à une libération du méthane. © herbert2512, Pixabay
    Le développement de certains végétaux, dans les zones humides surchauffées, conduit à une libération du méthane. © herbert2512, Pixabay

    Dans les tropiquestropiques, certaines régions voient leurs zones humides s'agrandir, grâce aux fortes précipitationsprécipitations, et se réchauffer, relâchant encore plus de méthane que la normale. Les zones humides sont véritablement devenues un hotspothotspot des émissions de méthane et en particulier, celles d'Amérique du Sud : les niveaux les plus élevés ont été repérés en Bolivie et au Brésil, suivis du Congo et de la Zambie en raison de certains types de plantes et d'alguesalgues qui ont la capacité d'aggraver les émissions de méthane en cas de surchauffe.