Une équipe américaine veut insérer des gènes de mammouth laineux chez un éléphant d'Asie et espère y parvenir dans deux ans, en 2019. L'idée, étrange, serait de protéger la toundra eurasiatique contre le réchauffement climatique avec des troupeaux de ces « mammouphants ». Pourtant, ce phachyderme a lui-même disparu, probablement, à cause d'une évolution du climat, comme l'avait montré une étude 2013.

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    Article paru le 16 septembre 2013

    L'extinction rapide du mammouth laineux était jusqu'alors un événement mystérieux. Ce gros éléphantidé aux poils mesurant presqu'un mètre s'est complètement éteint il y a 4.000 ans, mais son déclin a commencé voilà 10.000 ans. Longtemps, les chercheurs ont tergiversé sur le rôle de l'Homme dans cette disparition. Le mammouth laineux avait-il été trop chassé, comme le Dodo au XVIIe siècle ? D'après les conclusions d'une ambitieuse étude, le mammouth laineux aurait été victime du changement climatiquechangement climatique.

    À partir de 88 fragments d'os, de dents et de défenses issus de 300 mammouths laineux découverts dans le monde, une équipe britano-suédoise a essayé de reconstituer l'histoire du mammouth poilu. Son règne a perduré durant le Pléistocène supérieur, c'est-à-dire de 116.000 ans à 12.000 ans avant aujourd'hui. Il est arrivé en Eurasie depuis le continent américain, en passant par le détroit de Béring il y a 66.000 ans.

    On compte 11 espèces de mammouths, toutes disparues. Membres de la famille des éléphantidés, ces grands mammifères étaient des cousins des éléphants actuels et non leurs ancêtres. © Mistvan, GNU 1.2

    On compte 11 espèces de mammouths, toutes disparues. Membres de la famille des éléphantidés, ces grands mammifères étaient des cousins des éléphants actuels et non leurs ancêtres. © Mistvan, GNU 1.2

    Publiée dans les Proceedings B of the royal society, l'étude montre qu'à la sortie du l'âge glaciaire du Riss, c'est-à-dire il y a 120.000 ans, les mammouths ont dû faire face à un profond changement de leur milieu de vie. Les steppes, qui connaissaient jusque-là un climatclimat froid et aride, sont devenues des forêts humides. Les mammouths laineux ont eu du mal à s'adapter, et cette période a déjà marqué une phase de déclin importante, chez toutes les populations. En comparant les lignées des individus à partir de l'ADN mitochondrial, l'équipe a pu identifier qu'il existait une population de mammouths en Eurasie avant que les mammouths de Sibérie n'envahissent les lieux il y a 33.000 ans.

    L’Holocène a été fatal pour le mammouth laineux

    Depuis le début de la période interglaciaire, les populations ont décliné et se sont réfugiées dans les zones froides restantes, si bien qu'il s'est formé peu à peu des groupes de mammouth distincts. « Nous avons constaté que la période chaude d'il y a quelque 120.000 ans a provoqué un déclin et une fragmentation des populations, conforme à ce que nous pouvions attendre pour des espècesespèces adaptées au froid, comme le mammouth laineux », commente Eleftheria Palkopoulou, principal investigateur de l'étude.

    La période interglaciaire succédant à Riss a été déterminante dans la séparationséparation des populations et donc dans la démographie du mammouth laineux. Ainsi, à la sortie du dernier âge glaciaire, le Würm, il y a 12.000 ans, les mammouths laineux n'ont pas réussi à s'adapter. On peut toutefois se demander pourquoi ont-ils réussi à survivre à la période interglaciaire qui a suivi le Riss, et non à celle qui a suivi le Würm. Étaient-ils trop dispersés ? Y a-t-il eu un forçage externe durant l'Holocène qui aurait favorisé leur déclin ? Si l'on en sait de plus en plus sur le mammouth laineux, des mystères continuent de planer.