Les dinosaures se sont récemment parés de plumes et d'écailles colorées dans les représentations qui en sont faites, désormais loin de la grisaille de Jurassic Park. Pourquoi ? Parce que les paléontologues ont appris à repérer des molécules dans les fossiles. Une équipe veut progresser en comprenant mieux la fossilisation. Une bonne solution : en faire soi-même...

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    Comment fabriquer un fossile ? Prenez un morceau de plume d'oiseau ou de patte de lézard, ou bien autre chose. L'important est que la plus grande dimension soit, disons, d'un gros centimètre. Déposez la future relique entre deux épaisseurs d'argile. Placez l'objet sous une presse hydraulique, de sorte d'obtenir une pastille d'environ 1,25 cm de diamètre. Mettez-la dans un four à au moins 200 °C et appliquez une pressionpression d'environ 240 barsbars. Revenez 24 heures plus tard. Démoulez. Retirez délicatement l'argile. Vous obtiendrez un échantillon raplapla évoquant les célèbres schistes de Burgess.

    Pourquoi diable essayer cette recette ? Pour mieux comprendre la fossilisation, de sorte, devant un vrai fossile et par une sorte d'ingénierie inverseingénierie inverse, de mieux remonter à la structure de l'organisme vivant tel qu'il était au moment de sa mort. C'est ce qu'ont fait trois paléontologuespaléontologues, Evan Saitta, Thomas Kaye et Jakob Vinther, le premier, auteur principal travaillant au Field Museum de Chicago. Selon eux, cette recette équivaut à un enfouissement sous les sédiments à moins d'un kilomètre de profondeur durant dix millions d'années.

    Une patte de lézard fossilisée en 24 heures. © <em>Field Museum</em>

    Une patte de lézard fossilisée en 24 heures. © Field Museum

    Mieux interpréter les restes moléculaires

    Dans le communiqué du musée, Evan Saitta raconte la bonne surprise au dégagement des échantillons. « Ils ressemblaient à des vrais fossiles. C'était des films foncés de peau et d'écailles, et les os avaient bruni. » Les auteurs rappellent eux-mêmes que ce n'est pas la première tentative de simulation de fossilisation. Ils avancent que leur méthode est meilleure grâce à l'argile. Les autres techniques, dans des tubes scellés, laissent s'écouler les produits de la dégradation des moléculesmolécules instables. En revanche, expliquent-ils, l'argile les retient comme le fait le sédiment autour d'un vrai fossile et le résultat final doit de ce fait être plus réaliste.

    L'expérience, relatée dans la revue Palaeontology, a porté sur des fossiles complexes, avec des os et des tissus mous. L'idée était bien de mieux comprendre comment interpréter les restes et de mieux anticiper les molécules que l'on peut repérer. Selon les auteurs, il apparaît déjà que la conservation de substances organiques dépend davantage de la nature des molécules initiales que de la résistancerésistance des tissus.

    Pour l'instant, leur travail n'est qu'un début mais, affirment-ils, c'est une voie ouverte qui permettra de nouvelles découvertes sur les fossiles. Il n'est qu'à se rappeler les récentes avancées sur l'aspect des dinosauresdinosaures après la mise en évidence de mélaninemélanine sur des traces de plumes. Depuis, la faunefaune glabreglabre de Jurassic Park s'est colorée de plumages magnifiques.