Si les oiseaux sont bien les descendants actuels des dinosaures, seules certaines espèces ont réussi à passer le cap de l’extinction de masse il y a 66 millions d’années. Des chercheurs montrent que la différence entre les espèces ayant survécu et celles ayant disparu se situerait au niveau du mécanisme de la mue du plumage !


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    Les dinosaures ont disparu il y a 66 millions d'années. Tous ? Pas tout à fait. Car certains ont bel et bien survécu et sont toujours parmi nous. Nous les côtoyons même tous les jours. Il s’agit des oiseaux.

    Toutes les espèces de dinosaures aviaires n'ont cependant pas réussi à traverser cette terrible crise biologiquecrise biologique. Seuls certains ont accompli cet exploit. Un mystère qui intrigue depuis longtemps les paléontologues. Mais certains chercheurs pourraient avoir découvert la solution à cette énigme. Il s'agirait d'une histoire... de plumes. Ou plus précisément du mécanisme de la mue du plumage.

    La mue, un mécanisme essentiel pour la survie des oiseaux

    Le plumage est certainement la grande caractéristique des oiseaux, quelle que soit l'espèce. Composées de kératinekératine, tout comme nos cheveux et nos onglesongles, les plumes sont un élément essentiel des oiseaux, qui leur permet notamment de voler, mais également de nager, de se camoufler, d'attirer un partenaire, de se protéger du froid ou des rayons du soleilsoleil...

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    Des utilités multiples pour des structures toutefois relativement fragiles qui, une fois abimées, ne peuvent être réparées. Pour assurer la bonne qualité de leur plumage et ainsi leur survie, les oiseaux ont donc développé un mécanisme de remplacement que l'on appelle la mue. Les oisillons perdent ainsi leur duvet pour le remplacer par leur plumage d'adulte lors de leur croissance. Les plumes sont ensuite renouvelées environ une fois par an. Le mécanisme de la mue est ainsi particulièrement important et fondamental pour les oiseaux. Mais les oiseaux du Crétacé présentaient-ils ces mêmes caractéristiques ?

    Ces plumes retrouvées dans de l'ambre dateraient de 99 millions d'années. © Shundong Bi
    Ces plumes retrouvées dans de l'ambre dateraient de 99 millions d'années. © Shundong Bi

    Une étude récente, publiée dans le journal Cretaceous Research, s'est penchée sur cette question. Les scientifiques se sont basés sur la découverte d'un paquetpaquet de plumes préservées dans un morceau d'ambre. Des plumes provenant d'un oisillon ayant vécu il y a 99 millions d'années, soit bien avant le déclenchement de la crise biologique de la fin du Crétacé. Les chercheurs ont comparé l'évolution du plumage de ce jeune oiseau à celle des oiseaux actuels.

    Mue brutale ou mue progressive ?

    Chez les espèces d'oiseaux nidicolesnidicoles dit altriciaux que nous connaissons actuellement, les petits naissent nus, sans aucune plume, ce qui les rend, dans un certain sens, très vulnérables. Mais cette absence de plumage présente un avantage : en naissant ainsi, les parents peuvent plus efficacement transmettre la chaleurchaleur de leur corps à celui de leurs petits. C'est le cas par exemple du perroquet ou du pélican. Ces espèces peuvent de plus se permettre une mue soudaine et complète, car ils sont sous la protection de leurs parents, qui les nourrissent et les réchauffent.

    D'autres espèces, que l'on dit précoces (poussins ou canetons par exemple), naissent quant à elles avec des plumes et sont rapidement autonomes. Pour éviter de se retrouver tout nus et à la merci des intempéries et du froid, ces petits ne perdent pas l'ensemble de leur plumage d'un seul coup, à l'inverse des espèces altriciales. La mue se fait de façon progressive, afin de garder constamment un plumage protecteur.

    Un petit énantiornithe ayant perdu ses plumes au cours d'une mue soudaine. © Yu Chen et Shundong Bi
    Un petit énantiornithe ayant perdu ses plumes au cours d'une mue soudaine. © Yu Chen et Shundong Bi

    Survie impossible pour des oisillons tous nus et sans protection

    Les plumes retrouvées dans l'ambre révèlent cependant un tout autre mécanisme qui n'est plus observé chez aucune espèce d'oiseaux actuelle. Les plumes montrent en effet une combinaison de caractéristiques appartenant à la fois aux espèces précoces et aux espèces altriciales. Alors que l'oisillon en question semble avoir appartenu à un groupe hautement précoce aujourd'hui éteint -- les énantiornithes --, les plumes présentent étonnamment toutes le même stade de développement, ce qui est plutôt caractéristique de la mue brutale et complète d'une espèce altriciale. 

    Des oisillons tous nus et sans protection : la fin assurée d’une espèce en cas de crise environnementale !

    Pour les chercheurs, c'est là qu'aurait pu se trouver le point faible de cet important groupe d'oiseaux. Un point faible qui aurait entraîné leur disparition il y a 66 millions d'années. Sans l'aide de leurs parents, les jeunes énantiornithes auraient visiblement eu du mal à supporter une perte totale du plumage dans un environnement devenant de plus en plus hostile. Des oisillons tous nus et sans protection : la fin assurée d'une espèce en cas de crise environnementale !

    Dans ce contexte de crise environnementale et biologique, seules les espèces bénéficiant de la protection des parents ou d'une mue progressive auraient donc survécu. Un exemple de plus de l'étonnant processus de sélection naturellesélection naturelle !