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Le sommet de Durban a accouché d'une souris. © DR
On l'attendait depuis longtemps et il avait commencé très mollement. Le sommet sur le climat de Durban (Cop17), c'est-à-dire les négociations sur les mesures à prendre à l'issue du protocole de Kyoto (dont les engagements prennent fin en décembre 2012), n'a pas vraiment été à la hauteur des attentes et surtout, de l'urgence. Mais sans les 30 dernières heures (ajoutées in extremis) de négociations, le bilan eût été désastreux.
Trois axes principaux étaient en jeu à Durban :
- prolonger le protocole de Kyoto et négocier son avenir ;
- y inclure les pays en développement ;
- mettre en action le fonds vert.
Le fonds vert a mûri
Le troisième point est un demi-succès, puisque le fonds vert, qui avait été mis sur la table à Cancún en 2010 entrera bien en vigueur à l'issue de Durban. Ce fonds, visant à aider les pays pauvres à lutter efficacement contre le réchauffement climatique, a en effet été officiellement créé dimanche.
Les négociateurs (dont la ministre de l'Écologie) lors de la dernière ligne droite, le 11 décembre, à Durban. © DECCgovuk, Flickr, cc by nc nd 2.0
Pourquoi seulement un demi-succès, alors ? Parce qu'on ne sait pas encore exactement comment ce fonds sera financé, par voie publique ou privée. Ces décisions restent un peu floues, mais à partir de 2020, les nations industrialisées se sont engagées à verser 100 milliards de dollars par an.
Kyoto prolongé par certains, abandonné par d'autres
Au sujet du premier point - le prolongement du protocole de Kyoto - il s'agit en revanche plutôt d'un échec. Bien sûr beaucoup de pays s'engagent dans une extension du protocole. Cependant, certains de ceux qui l'avaient ratifié se sont désengagés : c'est le cas du Canada, du Japon et de la Russie qui ne sont pas les plus sobres en matièrematière d'émissions de gaz à effet de serre. À noter que les États-Unis n'avaient pas ratifié le protocole de Kyoto et ne sont donc pas concernés par son prolongement.
Manifestation écologiste pendant le sommet de Durban (sur la pancarte : « Laissez le charbon dans le trou, laissez le pétrole dans le sol »). © cncd, Flickr, cc by nc sa 2.0
En revanche, à propos de l'après-Kyoto, les nouvelles semblent plutôt bonnes, si tant est que l'on soit un minimum optimiste. Un nouvel engagement, qui sera négocié en 2015 au plus tard, devra être mis en place à partir de 2020. Il inclura tous les pays, y compris ceux en développement et les États-Unis. Ainsi, les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre qui restaient en dehors du protocole de Kyoto - États-Unis, Chine, Inde, Brésil - seront concernés.
Accord global pour lutte timide
Concernés par quoi ? Là encore, il faudra en débattre. Par un texte qui ne sera de toute façon pas juridiquement contraignant. La feuille de route donne ainsi une description très vaguevague de ce que sera ce nouvel accord : « un protocole, un autre instrument légal ou une solution légale ayant une force légale ». Mais cet assouplissement de la feuille de route proposée par l'Union européenne était le seul moyen pour que les pays en développement, Inde en tête, se rallient au projet, aboutissant alors à un accord global.
S'il est vrai que les négociateurs ont réussi le tour de force de faire participer toutes les nations à la lutte contre le réchauffement climatique, celle-ci sera malheureusement bien timide et on ne sait pas encore exactement quand elle commencera. Bilan plutôt maigre et en complet décalage avec l'urgence criée par les scientifiques qui n'ont eu de cesse de présenter des études alarmantes pendant le sommet. La limite des 2 °C supplémentaires par rapport à l'ère préindustrielle est un doux rêve qui s'effondre.
La prochaine conférence des parties sur le changement climatique (Cop18) aura lieu à Doha au Qatar, ou comment mettre le pays le plus pollueur, en tonnes de CO2 par personne, au centre des négociations...