Au lendemain du sommet de l’Onu sur le climat, les réactions se font rares. Pourtant, quelques avancées ont été réalisées. Cofondatrice du Comité 21 et ayant participé à de nombreuses négociations sur l'environnement, Bettina Laville revient sur les points clés de cette réunion.

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    Occultée par une actualité politique très « chaude », la conférence sur le climat organisée au siège de l'Onu est passée plutôt inaperçue. Pourtant, de nombreux chefs d'État avaient fait le déplacement, à la demande de Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, seuls quelques-uns ayant boudé le rendez-vous. La Chine et l'Inde ont pour leur part missionné une délégation moins prestigieuse, alors que dans ces deux pays, justement, les émissionsémissions de gaz à effet de serre grimpent plus vite que la moyenne mondiale.

    La réunion n'a pas débouché sur des décisions historiques, et les ONG n'ont pas montré d'enthousiasme excessif. Ce n'était toutefois pas le but. « La réunion avait lieu dans le cadre de l'Assemblée générale de l'Onu, rappelle Bettina Laville, cofondatrice de Comité 21 et qui a participé aux grands débats sur l'environnement depuis Rio en 1992 jusqu'au Grenelle de l'environnement en passant par le protocole de Kyoto. Il ne s'agissait donc pas de négociations. Ban Ki-moon souhaitait réunir les chefs d'État avant la COP 21 qui se tiendra à Paris en décembre 2015. Car ce qui a été reproché à Copenhague [la COP 15, NDLRNDLR], c'est le manque de préparation des négociations. »

    Les émissions de dioxyde de carbone d'origine humaine dans le monde, en milliards de tonnes par an (GtCO<sub>2</sub>/yr). Elles ont augmenté d'environ 60 % entre 1990 et 2013. La progression pour 2014 est estimée à 2,5 %. On remarque que l'augmentation s'est infléchie par rapport à la période 2000-2009. © CDIAC/GCP

    Les émissions de dioxyde de carbone d'origine humaine dans le monde, en milliards de tonnes par an (GtCO2/yr). Elles ont augmenté d'environ 60 % entre 1990 et 2013. La progression pour 2014 est estimée à 2,5 %. On remarque que l'augmentation s'est infléchie par rapport à la période 2000-2009. © CDIAC/GCP

    Les pays émergents restent prudents

    Dans le cadre limité de cet ordre du jour, on peut considérer que les résultats sont au moins tangibles. Le fameux Fonds vert, entériné il y a quatre ans à Cancún (Mexique) et par lequel les pays riches doivent aider les autres à se développer avec moins d'impact sur l'environnement, a commencé à réunir les dons promis. Il reste à faire car, avec 2,3 milliards de dollars pour l'instant, dont 1 milliard pour la France, un autre pour l'Allemagne (promis avant le sommet) et le reste pour la Corée du Sud, le Danemark, le Luxembourg, le Mexique, la Norvège, la République tchèque et la Suisse (source : Oxfam Allemagne), ce Téléthon mondial est encore loin des 10 milliards espérés à la fin de l'année. « Une avancée notable est l'intervention du secteur privé, dans les domaines de l'assurance et de la finance, souligne Bettina Laville. Des fonds de pension, notamment, souhaitent prendre des participations dans des opérations qui contribuent à réduire les émissions de CO2. » Selon elle, oui, il y a une demande pour des placements plus vertueux dans le domaine environnemental.

    Pour l'instant, « les grands émergentsémergents, c'est-à-dire le Brésil, la Chine et l'Inde, ne bougent pas... Ces pays se disent prêts à s'engager mais dans un cadre qui n'est pas celui du protocole de Kyoto ». Les émissions de gaz à effet de serre continueront sans doute d'augmenter. Il y a quelques jours, le Global Carbon Project, qui regroupe des organismes de recherche de différents pays, a annoncé un bilan pour 2013. Les émissions de CO2 des principales sources (combustiblescombustibles fossiles et cimenteries) ont atteint 36 milliards de tonnes, soit une hausse de 2,3 % par rapport à 2012. S'y ajoutent environ 3,3 milliards de tonnes dus à la déforestation. En une année, l'augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphèreatmosphère serait de 2,53 ppmppm. En 2012, celle-ci atteignait 392,52 +/- 0,10 ppm.

    Les sujets de discussion ne manqueront pas pour la prochaine « réunion des parties », la COP 20, qui aura lieu en décembre à Lima (Pérou). Les chefs d'État en seront probablement absents, réservant leur participation pour la COP 21COP 21 de Paris en décembre 2015. D'ici là, les négociations vont sans doute être affûtées...