« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, allons prendre des nouvelles d’un petit animal trop mignon qui nous avait déjà étonnés il y a quelques mois : la loutre.


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    Saviez-vous que la loutre fait partie de la liste officielle des nouveaux animaux de compagnie ? Ceux que l'on appelle les Nacs. Eh oui, n'importe qui peut avoir chez lui, un spécimen de cette drôle de petite bête pourtant protégée, en France, depuis plus de 40 ans. N'importe qui. Enfin, presque. Parce que s'il vous prenait l'idée d'adopter une loutre, il vous faudrait tout de même obtenir au préalable un certificatcertificat de capacité. Une sorte de garantie que vous savez ce qui est bon pour elle. Comment l'héberger, comment la nourrir ou plus largement, comment assurer sa sécurité et son bien-être.

    Si, dans notre pays, les loutres domestiques semblent vouloir rester l'exception, au Japon, par exemple, les loutres font littéralement fureur depuis quelque temps. Les « barsbars à chats », c'est has-been. Maintenant, on pousse la porteporte de « cafés à loutres ». Histoire de caresser ou de nourrir l'animal. Et bien sûr, d'immortaliser l'instant avec une photo trop mignonne à publier sur les réseaux sociauxréseaux sociaux.

    Résultat, devant la pollution ou la destruction de son habitat, le braconnage est devenu, pour les loutres, le premier des dangers. Pour les loutres cendrées, notamment. Une espèce originaire d'Asie du Sud-Est. La plus petite espèce de loutres au monde. Elle ne pèse guère plus de 5 kilos. Et elle est très joueuse. Ce qui la rend d'autant plus attractive aux yeuxyeux de ceux qui cherchent un animal de compagnie original.

    Ce que cette toute petite loutre a aussi de particulier, c'est qu'elle se révèle plutôt futée lorsqu'il s'agit de... trouver de quoi se nourrir ! Pour nous, c'est simple, un petit passage par le supermarché et le tour est joué. Mais, dans la nature, c'est une tout autre histoire. Une histoire de vie ou de mort dans laquelle les animaux doivent non seulement savoir identifier les aliments qui pourraient être bons pour eux, mais aussi apprendre à contourner les éventuels moyens de défense -- épines, coquilles, etc. -- mis en place par leurs « proies ».

    Un peu des autres et un peu de soi-même

    Pour en apprendre un peu plus sur les mœurs de la loutre cendrée, des chercheurs ont soumis quelques spécimens vivant dans différents zoos à une série d'expériences. Ils ont proposé aux loutres, des boulettes de viande « cachées » -- entre guillemets, car les boulettes en question étaient bien visibles, pour attirer l'attention des petites bêtes, il y avait même des trous dans la boîte, pour laisser passer les odeurs -- dans des boîtes qu'elles devaient réussir à ouvrir pour accéder à cette récompense. En tirant une languette ou en ouvrant un rabat, par exemple.

    Voir aussi

    Bêtes de Science : ces loutres qui apprennent les unes des autres

    Les chercheurs ont d'abord observé que les loutres semblent apprendre les unes des autres. Pour décider si oui ou non il vaut la peine de s'attaquer à ces boîtes. Mais aussi pour comprendre plus vite comment venir à bout de la difficulté artificielle mise sur leur chemin par les humains. Les chercheurs ont également noté que les loutres semblent capables de se souvenir des astuces d'ouverture des boîtes pendant plusieurs mois.

    Pour aller plus loin, les chercheurs ont cette fois décidé de proposer aussi aux loutres quelques proies tout à fait naturelles pour elles. Des proies cependant inconnues à ces spécimens ayant toujours vécu dans des zoos. De la truite -- comme aliment témoin, puisqu'il était directement accessible --, du crabe et des moules -- tous deux naturellement protégés des gourmands par des coquilles.

    Les loutres se sont montrées méfiantes. Elles ont observé certains de leurs plus proches compagnons un peu plus hardis -- possiblement les mâles adultes -- avant de s'attaquer à ces aliments nouveaux pour elles. Comme si elles préféraient se reposer sur l'expérience des autres afin de savoir si un aliment en vaut la peine ou pas. Et une nouvelle preuve que les loutres peuvent apprendre quels types de proies dévorer en observant leurs congénères.

    Cependant, une fois la proie repérée, les loutres se sont montrées curieuses. Passant du temps à la manipuler. Parfois même à jongler avec certaines d'entre elles. Les moules, par exemple. Une curiosité qui les a finalement menées à découvrir par elles-mêmes comment se débarrasser des coquilles qui cachent la nourriture. Un signe de plus que la loutre sait tirer le meilleur parti de l'apprentissage social et de son intelligence propre. Un tout petit animal décidément... pas si bête !