On attrape froid par la tête, vrai ou faux ?

Découvrez le podcast à l'origine de cette retranscription dans Science ou Fiction. © Futura

Le plus grand risque avec le froid, vous le savez maintenant, ce n'est pas de tomber malade. Eh oui, car comme on l'a dit dans l'épisode sur le rhume, ce dernier n'est pas dû à la chute des températures mais au fait de s'enfermer chez soi et de risquer la prolifération d'agents pathogènes comme les rhinovirus qui, eux, sont bien responsables du rhume. Ainsi, ce n'est pas à cause de la fraîcheur hivernale que vous tombez malade.

Parlons hypothermie

En réalité, le risque avec le froid, c'est l'hypothermie. Vous voyez de quoi je parle ? L'hypothermie, c'est un refroidissement dit « involontaire » de la température interne du corps. On parle ici d'une température inférieure à 35 °C. Il y a plusieurs stades de gravitégravité selon la chute de température. Entre 35 et 32,2 °C par exemple, quand la température est prise dans la bouche, on considère que l'hypothermie est légère. La personne a simplement la chair de poule, des frissons et les extrémités froides ; donc pieds, mains, nez et joues. Les doigts sont également engourdis. Nos organes vitaux comme le cœur ou le cerveau ne sont pas en danger à ce stade, mais ça ne reste pas anodin, puisque les battements cardiaques peuvent être irréguliers. Et les vaisseaux sanguins vont se contracter pour limiter la quantité de sang dans les parties du corps qui sont les plus exposées au froid. Par exemple, si vous ne portez pas de gants, vos doigts recevront moins de sang pour éviter qu'il ne refroidisse en passant sous votre peau. C'est pour ça que vos extrémités s'engourdissent.

Si on descend jusqu'à 28 °C, l'hypothermie est modérée. On se met à parler de manière saccadée, on commence même à manquer de coordination dans nos mouvementsmouvements. Perte d'attention, peau froide et grise, fatigue et somnolence s'installent dans le même temps. Là, ça devient plus sérieux. Notre système nerveux central commence à montrer des signes de dysfonctionnement, notamment au niveau du névraxe, qui regroupe l'encéphale et la moelle épinière. Ces derniers étant évidemment indispensables pour le transport d'influx nerveuxinflux nerveux et donc le fonctionnement du corps. Ce qu'on appelle influx nerveux pour rappel, c'est ce signal électrique qui est produit par un neurone quand il est stimulé. Bref, du coup, à cause de ce ralentissement du fonctionnement cérébral, c'est assez fréquent que la personne concernée soit complètement désorientée ou en état de choc. Et enfin, en dessous de 28 °C, l'hypothermie est grave. Dans ce dernier cas, les fonctions vitales, comme le système cardiovasculaire, sont en danger. Le pouls et la respiration ralentissent, et le risque d'arrêt cardiaquearrêt cardiaque est élevé. Il faut alors impérativement trouver un moyen de se réchauffer, vous l'aurez deviné.

On attrape froid par la tête, mythe ou réalité ? © MadalinCalita, Pixabay

Comment nous vidons-nous de notre chaleur corporelle ?

Mais d'ailleurs, comment est-ce que le froid extérieur arrive à embarquer avec lui la chaleurchaleur de notre corps ? Déjà, il faut savoir que chez l'humain, la température du cerveaucerveau, du cœur, des poumonspoumons, du foiefoie et des reinsreins doit être maintenue à 37 °C. Tous nos organes, par leur fonctionnement, produisent de la chaleur. Tout est fait pour maintenir nos organes vitaux bien au chaud. Mais les mécanismes de thermolysethermolyse, donc de perte de chaleur, sont multiples : on peut parler de la conduction, qui désigne un échange de température par contact entre un tissu du corps humain et une surface plus froide, comme de l'eau ou du carrelagecarrelage ; ou encore de la convectionconvection, qui qualifie un transfert de chaleur par circulation de l'airair, comme quand on court et que notre corps en mouvement est refroidi par le contact du vent. On a aussi la transpiration, qui permet entre autres de rafraîchir le corps quand il fait chaud, et la radiation naturelle du corps, un peu comme un plat sorti du four qui réchauffe l'air autour de lui. Bref, c'est via tous ces mécanismes que notre corps peut se refroidir. Du coup, quand l'air extérieur est froid, l'organisme fait tout pour maintenir le cœur et les autres organes vitaux au chaud, donc il concentre la circulation sanguine dans cette zone, et délaisse, en gros, nos extrémités : doigts, pieds, et tête. Enfin, visage surtout, parce que votre cerveau a encore besoin de tourner. Mais ! Ce n'est pas pour autant que l'on attrape froid par l'une de ces extrémités et qu'on tombe malade, puisque, pour rappel, seuls un virus ou un agent pathogène peuvent nous faire attraper une maladie.

D'où vient le mythe ?

En fait, dire qu'on attrape froid par la tête, c'est un mythe qui vient d'une mauvaise interprétation d'une expérience pseudo-scientifique réalisée par l'armée américaine dans les années 1950. Dans ladite étude, des volontaires ont été habillés avec des combinaisons de survie arctiquesarctiques et exposés à des conditions de froid glacial. La seule partie de leur corps qui n'était pas couverte était la tête, donc oui, dans ce cas-ci, la chaleur était perdue par la tête. Mais évidemment dans ce contexte, ça fait sens ! Comme le visage, la poitrine, les mains et les pieds sont plus sensibles que le reste du corps aux changements de température, on a l'impression qu'il faut davantage les couvrir pour éviter de se refroidir complètement. Mais au final, du moment que vous couvrez une certaine surface de votre corps, peu importe la zone concernée, l'effet reste le même.

Ah, et cette statistique de 40 à 50 % de chaleur perdue par la tête... Ben, c'est faux du coup. Donc, si vous avez froid, couvrez bien un maximum de votre corps, mais n'allez pas imaginer que vous serez malade si vous avez oublié de porter un bonnet. Au mieux, il ne vous arrivera rien, au pire vous passerez juste un moment peu agréable avant de pouvoir vous réchauffer.