En raison du contexte géographique particulier de la région sud-est de la France, des experts ont étudié les conséquences sanitaires du réchauffement climatique face à l'intensification de ces catastrophes naturelles à répétition. Leur étude démontre que la santé des populations va être durablement affectée : allergies, stress, apparition de maladies tropicales et expansion de bactéries. Leurs travaux proposent aussi des solutions en matière d'aménagement du territoire.


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    La région Provence-Alpes-Côte d'Azur est « un hot spothot spot du changement climatiquechangement climatique », rappelle le Groupe régional d'experts sur le climatclimat (Grec) dans un rapport rendu public en décembre. Selon les prévisions de ces experts, la sécheressesécheresse et la chaleurchaleur estivale augmenteront en duréedurée et en intensité, les eaux souterraines et de surface diminueront de 20 %, et les épisodes de pluies intenses se multiplieront dans les années à venir.

    Ces épisodes « méditerranéens », caractérisés par des précipitations extrêmes, s'accompagnent de pertes humaines. À l'automneautomne 2019, ces pluies torrentielles causant souvent des inondationsinondations ont causé la mort de 13 personnes lors de deux épisodes distincts en deux semaines dans le sud-est de la France.

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    Inondations : les épisodes méditerranéens sont difficiles à prévoir

    Inondations dans le Var, à Fréjus, en 2010. © Service hydraulique Cours d'eau de la Cavem
    Inondations dans le Var, à Fréjus, en 2010. © Service hydraulique Cours d'eau de la Cavem

    La santé mentale fragilisée par les catastrophes naturelles

    Les experts redoutent que ces catastrophes à répétition ne provoquent « un stress post-traumatique » chez les Méridionaux. Ce trouble apparaît chez la moitié des personnes exposées à des désastres naturels, et peuvent durer dans le temps : des symptômes de ce stress ont été observés chez des habitants de Vaison-la-Romaine, dans le Vaucluse (notre photo d'illustration) plusieurs années après l'inondation qui avait fait 37 morts en 1992. La survenue de graves intempéries peut aussi activer ou ré-activer d'autres maladies : troubles anxieux, dépressifs, ou addictifs.

    Autre conséquence inattendue du changement climatique : l'augmentation des allergies. Car les pollens, auxquels 20 % des adultes sont allergiques (presque deux fois plus qu'il y a vingt ans), profiteront aussi du réchauffement. En effet, la durée de la saisonsaison pollinique des graminéesgraminées progresse déjà de 4,5 % par an à Nice depuis 1989.

    Expansion des acariens et prolifération des bactéries

    Les urticacées aussi voient leur saison pollinique s'éterniser, à tel point, prédisent les experts, que l'allergie à la pariétaire, une plante vivace souvent accrochée à des rochers ou à de vieux mursmurs, pourrait sévir toute l'année.

    Les allergies aux acariensacariens devraient, elles aussi, gagner du terrain : avec l'augmentation des températures, les moisissures proliféreront à l'extérieur comme à l'intérieur des logements. Des études ont montré une densité des acariens et allergènes acariens plus forte dans les villes où la température moyenne est la plus élevée.

    La chaleur pourrait provoquer la prolifération de bactéries dans les canalisations avant la distribution de l'eau au robinet

    La chaleur pourrait aussi provoquer, prédit le Groupe régional d'experts sur le climat (Grec), la prolifération de bactéries dans les canalisationscanalisations avant la distribution de l'eau au robinet. D'autres bactéries envahiront la mer, comme E.Coli, qui provoque des gastro-entérites et autres infections, en raison de l'augmentation de la température de l'eau.

    Enfin, le réchauffement permet le développement d'« agents pathogènespathogènes », comme le moustique tigretigre, qui colonise déjà toute la région Paca à l'exception des zones montagneuses, et pourrait augmenter sa période d'activité au cours de l'année. En 2019, pour la première fois en France, un foyer du virusvirus tropical ZikaZika, transmis par ce moustique, a été confirmé dans le Var, avec 3 cas de maladie  « autochtones ».

    Carte de la colonisation par <em>Aedes albopictus</em> en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Mais d’autres maladies liées aux moustiques apparaissent aujourd'hui. Ainsi, le virus du Nil (<em>West-Nile</em>) qui est transmis par cet autre type de moustique, le <em>Culex pipiens. </em>© Le Grec, EID Méditerranée, 2019
    Carte de la colonisation par Aedes albopictus en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Mais d’autres maladies liées aux moustiques apparaissent aujourd'hui. Ainsi, le virus du Nil (West-Nile) qui est transmis par cet autre type de moustique, le Culex pipiens. © Le Grec, EID Méditerranée, 2019

    Prévoir l'aménagement du territoire

    Face à cette nuée de menaces, le Grec interpelle les autorités et leur propose des mesures d'adaptation, comme l'aménagement d'« îlots de fraîcheur » en ville, ou encore la prise en charge de personnes vulnérables et précaires, les premières touchées par le réchauffement climatique.

    En région Paca, 80 % de la population vit en ville, où la température est plus élevée qu'à la campagne, et l'airair plus pollué, des facteurs aggravants pour la santé, note le Grec. Les experts redoutent une surmortalité mais aussi une augmentation des maladies cardiovasculaires, respiratoires et même des troubles mentaux liés à ces fortes chaleurs.

    Au centre-ville de Toulon (Var), l’herbe au soleil est à 40 °C et le bitume au soleil à 52,5 °C, alors qu’à l’ombre de l’arbre, les températures de surface sont respectivement de 27,5 °C et 31 °C. © Le Grec, Acterra et al., 2018
    Au centre-ville de Toulon (Var), l’herbe au soleil est à 40 °C et le bitume au soleil à 52,5 °C, alors qu’à l’ombre de l’arbre, les températures de surface sont respectivement de 27,5 °C et 31 °C. © Le Grec, Acterra et al., 2018