À la fois élastique, légère et très résistante, la soie d’araignée est le textile idéal pour les vêtements d’extérieur. Mais elle reste très chère et très complexe à produire. The North Face s’est associée avec une start-up de biotechnologies japonaise pour produire cette fibre à partir de bactéries fermentées.


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    Jusqu'au 31 octobre, vous avez la possibilité de participer à un tirage au sort pour gagner l'une des 50 parkas The North Face fabriquées à partir de soie d'araignéearaignée. La filiale japonaise du fabricant de matériel et vêtements de sport est ainsi la première à lancer sur le marché des parkas utilisant cette technologie. La soie d'araignée présente des qualités idéales pour un usage outdoor : à la fois souple, légère et extensible, elle surtout très résistante : « On dit qu'une toile d'araignée avec des fils d'un centimètre de diamètre pourrait arrêter un gros porteur en vol », rapporte au site Dezeen Daniel Meyer, responsable de la coordination chez Spiber. Des propriétés qui intéressent particulièrement l'industrie de l'habillement, celle-ci utilisant traditionnellement des fibres à base de pétrolepétrole comme le nylonnylon ou le Gore-Tex pour les vêtements de haute performance.

    Les protéines issues de bactéries sont extraites sous forme de poudre, puis diluées et extrudées pour être filées. © Goldwin
    Les protéines issues de bactéries sont extraites sous forme de poudre, puis diluées et extrudées pour être filées. © Goldwin

    Le défi de la soie d’araignée synthétique

    Malheureusement, contrairement aux vers à soievers à soie qui peuvent être élevés sur des feuilles de mûrier, l'araignée n'est pas domesticable : les espècesespèces qui tissent les toiles les plus résistantes, comme celles du genre Nephila, sont aussi cannibales et s'entre-dévorent. Plusieurs pistes ont été testées pour obtenir ce fil exceptionnellement fin et solidesolide : modification génétiquegénétique de plantes, de levureslevures et vers à soie ou même des chèvres -- dont les glandesglandes mammaires contiennent un gènegène spécial -- afin que leur lait produise de la protéineprotéine de soie. Mais le fil obtenu n'arrive pas à égaler celle de la soie naturelle.

    Le code génétique des acides aminés modélisé par ordinateur

    Pour sa « Moon parka », The North Face a collaboré avec la start-upstart-up japonaise de biotechnologiesbiotechnologies Spiber, spécialisée dans la production de protéines synthétiques pour les biomatériaux. Celle-ci a opté pour une approche différente, en récréant la protéine à partir de zéro. Le code génétiquecode génétique des acides aminésacides aminés est modélisé par ordinateurordinateur et transféré dans des bactériesbactéries Escherichia coliEscherichia coli. Les bactéries sont ensuite nourries avec des sucressucres et minérauxminéraux dans d’immenses fermenteurs où elles se multiplient et produisent les fibres. Ces dernières sont purifiées et extraites sous forme de poudre, qui est ensuite dissoute dans une solution et extrudée sous forme de fil.

    La Moon parka doit son nom à la photo de la Terre sur la doublure intérieure prise par l’équipage Apollo 11 en 1969. © Spiber
    La Moon parka doit son nom à la photo de la Terre sur la doublure intérieure prise par l’équipage Apollo 11 en 1969. © Spiber

    La soie utilisée pour la parka n'est pas parfaitement identique à celle de la soie d'araignée. Car cette dernière présente aussi des inconvénients : « La soie possède une propriété appelée supercontraction, où l'eau est absorbée en quelques secondes, provoquant une rétractation du tissu de 50 % », rapporte Daniel Meyer. La start-up a donc élaboré des protéines sur mesure conférant à la fibre les qualités requises tout en évitant que le tissu ne se déforme quand il est mouillé. La Moon parka possède ainsi les mêmes aptitudes de résistance et d'imperméabilité que les textiles à base de pétrole, mais elle est en plus écologique et biodégradable. Seule entorseentorse au label vert : une couche intermédiaire en stratifiéstratifié respirant et une couche interne de rétention de la chaleurchaleur qui ne sont elles pas biodégradablesbiodégradables.

    Diviser les prix par dix

    Le prix reste pour l'instant le véritable obstacle à l'utilisation de massemasse de la soie d'araignée. La soie obtenue par ce processus de fermentationfermentation coûte environ 100 dollars par kilo, dix fois plus que le nylon ou les autres fibres synthétiques. Un objectif de coût atteignable selon Spiber, qui disposera en 2021 de la plus grande usine de fermentation de protéines au monde, en constructionconstruction en Thaïlande. D'autres start-up sont d'ailleurs sur les rangs comme la biotech suédoise Spiber Technologies (sans lien avec Spiber Inc. au Japon) qui a mis au point un procédé pour mimer les spidroïnes (ces longues protéines filamenteuses qui constituent la soie) en créant des « mini spidroïnes » avec des terminaisons fonctionnelles pouvant s'assembler entre elles.