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    Vous avez dit « épuisement de l’espace IPv4 » ? C’est quoi ? Que se cache-t-il derrière ?

    Les adresses IPv4 feront bientôt partie du passé. © Asharkyu, Shutterstock

    Les adresses IPv4 feront bientôt partie du passé. © Asharkyu, Shutterstock

    IPv4 : un épuisement prévu... mais pas si tôt

    En 2003, Geoff Huston (Chief Scientist, Apnic) avait fait des prévisions sur la durée de vie de l'espace d'adressage IPv4IPv4 (IPv4 Address Lifetime)).  Le message que son public (les RIRRIR essentiellement) a compris était le suivant : s'il n'y a pas de grosse surprise (changement du modèle, réveil numériquenumérique de la chine...), on aura encore des adresses IPv4 jusqu'à 2030-2037 (cf. transparentstransparents 49-51 de la présentation du document IPv4 Address Lifetime). Quoi de plus rassurant pour les RIR qui étaient déjà dans la gestion de la pénurie mais qui n'étaient pas très enthousiastes à l'idée de pousser pour l'adoption d'IPv6IPv6. Ouf, pas la peine donc de se précipiter sur IPv6 et tâchons d'y avancer tranquillement au rythme de la consommation du stock restant.

    Cependant, quelle n'a pas été la surprise des RIR lorsque le même G. Huston leur apprend en 2007 que finalement l'épuisement aurait lieu bien avant ! Les nouvelles prévisions donnaient ainsi 2010 et 2012 comme années où le stock IPv4 de l’IANA et celui des RIR seront respectivement épuisés (cf. transparents 12-15, 37, 38 du doc PDF). Debout, vous n'avez plus le temps ! Panique à bord côté RIR. Vite, il faut faire quelque chose et Randy Bush de remuer le couteau dans la plaie avec sa présentation dans un stylestyle « on va tous souffrir ».

    Depuis cette date, le rapport quotidien et automatique dont G. Huston est l'auteur est devenu une référence mondiale en matière de prévisions. Au 3 février 2011 le stock IPv4 de l'IANAIANA1 a été épuisé, annonce faite à l'occasion d'une conférence de presse ICANNICANN-NRO-IAB-ISOC2. La prochaine échéance sera l'épuisement du stock des adresses IPv4 chez chaque RIR. Cela dépendra du rythme de consommation chez chaque RIR, mais il est prévisible que cela commence dès fin 2011 - début 2012 au plus tard.

    Les questions que pose l'épuisement de l'IPv4

    Alors, quels sont les vrais enjeux que recèle ce problème d'épuisement d'adresses IPv4, qui semble encore surprendre dans certains milieux au point d'y créer un climatclimat de psychosepsychose ? Que se passera-t-il après cet épuisement ? Qui sera impacté et que faudra-t-il faire alors pour que l'internetinternet continue de fonctionner de manière acceptable ? Autant de questions qui méritent chacune de longues réponses, mais voici des éléments de réponse synthétiques.

    Pour la plupart des acteurs de l'internet, il sera encore possible de (sur)vivre avec IPv4 pour une durée variable, pouvant atteindre plusieurs années, même après l'épuisement des stocks IANA + RIR. En effet, ceux qui ont déjà fait le plein d'IPv4 peuvent en rationner la gestion (gestion de la pénurie), les « marchés gris »3 d'IPv4 sont une option, certes déconseillée, mais prévisible et enfin certains s'accommodent de plusieurs « étages » de NATNAT qui conviennent à leurs besoins depuis plusieurs années. Cependant, cela ne ferait que repousser le problème, car le coût et la complexité de déploiement de nouveaux services en IPv4 et la maintenance de l'existant croissent de manière significative (recrudescence des boîtiers de traduction v4privé-v4public, recrudescence des tunnels/encapsulation v4-in-v6 et v6-in-v4 aussi bien au niveau des dorsales qu'à l'accès aux réseaux).

    En outre, ceux qui n'auront pas pris le temps de pratiquer ces techniques et de les maîtriser risquent de rencontrer de gros problèmes de stabilité de leurs infrastructures et services réseau.

    Enfin, il est à souligner qu'à mesure que les acteurs réseau déploient IPv6, celui qui y résistera encore, assumera le risque d'être exclu (perte de marché et de compétitivité économique). En somme, se contenter d'IPv4 devient un véritable frein à l'innovation si bien que la fracture numérique ne fera que se creuser (mais la facture aussi, à terme).

    Notes : 

    1. Registre des adresses IPv4 IANA 
    2. http://www.nro.net/news/ipv4-free-pool-depleted
    3. On parle de « marché gris » et non de « marché noir » dans la mesure où il est possible de connaître les acteurs des transactions de vente de préfixes IPv4, mais pas du montant de la transaction.