Après avoir été épinglée par l'association Reporters Sans Frontières en novembre dernier  , et après la mise en place d'un Google typiquement chinois  - et typiquement censuré - dans le pays, la Chine continue de faire parler d'elle. Depuis le premier mars, les autorités chinoises proposent en effet à leurs internautes d'entrer les adresses Internet dans leurs navigateurs non plus à l'aide de caractères romains, mais d'idéogrammes. Une mise en place qui, si elle assure un confort supplémentaire aux utilisateurs, suscite de nouvelles inquiétudes.

au sommaire


    Chine : l'utilisation d'idéogrammes dans les adresses Internet inquiète...

    Chine : l'utilisation d'idéogrammes dans les adresses Internet inquiète...

    Confort supplémentaire, ou censure supplémentaire ?

    De prime abord, le projet est intéressant pour les nombreux chinois qui ne maîtrisent pas les caractères romains. En effet, ils peuvent, depuis le premier mars, taper dans leur navigateur favori les adresses Internet en .com à l'aide d'idéogrammes.

    Les autorités chinoise proposent aux internautes d'utiliser des idéogrammes en lieu et place des caractères romains <br />Confort supplémentaire, ou censure supplémentaire ?<br /> (Crédits : RSF)

    Les autorités chinoise proposent aux internautes d'utiliser des idéogrammes en lieu et place des caractères romains
    Confort supplémentaire, ou censure supplémentaire ?
    (Crédits : RSF)

    Cependant, la démarche est peu appréciée par certains médias chinois, qui considèrent qu'il s'agit non plus ni moins de l'établissement de nouveaux noms de domaines (en .com.cn, par exemple), permettant aux internautes chinois de s'affranchir du passage par les serveurs de l'Icann (Internet Corporation for Assigned Names and NumbersInternet Corporation for Assigned Names and Numbers). L'Icann est l'organisme chargé d'allouer l'espace des adresses de protocoleprotocole Internet (IPIP), d'attribuer les identificateurs de protocole, de gérer le système de nom de domaine de premier niveau pour les codes génériques (gTLD) et les codes nationaux (ccTLD), ainsi que d'assurer les fonctions de gestion du système de serveurs racines. Certains experts craignent qu'ainsi la Chine mette en place ses propres serveurs racines, et que ses internautes soient cloîtrés dans un « sous-réseau » Internet, indépendant de l'Icann.

    Cependant, l'Icann s'est montré rassurant, en précisant qu'il ne s'agissait pas de noms de domaine de premier niveau, mais simplement d'un plug-inplug-in inséré aux navigateurs Internet chinois.

    Reporters Sans Frontières ne s'inquiète pas outre mesure de la mise en place de ce nouveau dispositif, et appelle simplement l'Icann à réagir : « Nous ne sommes pas en face d'un début de balkanisation d'Internet, comme nous aurions pu le croire, car la Chine n'a pas intérêt à se couper d'Internet. En pratique, l'administration d'Internet demeure dans les mains de l'Icann. Cependant, cette initiative appelle une réplique de l'organisme qui, depuis des années, et pour des motifs avant tout politiques, ne progresse pas de manière significative dans l'ouverture de l'adresse Internet à des caractères spécifiques (idéogrammes...) au niveau des noms de domaine de premier niveau. »

    Seul l'avenir nous dira quelles sont réellement les intentions de la Chine à ce sujet. Pour l'heure, ce nouveau dispositif apporte aux utilisateur chinois un confort et une souplesse non négligeables.