Being Human : c'est le titre d'un document réalisé par 45 chercheurs à la demande de Microsoft pour imaginer les interfaces homme-machine de 2020. Il reprend, d'une manière caricaturale, l'idée générale du texte, selon laquelle les humains, bardés d'informatique, et les ordinateurs, toujours plus malins, se rapprochent les uns des autres. Mais ces experts s'inquiètent aussi d'une surveillance généralisée qui finira par poser problème.

au sommaire


    En 2007, MicrosoftMicrosoft a demandé à 45 spécialistes de plancherplancher sur les interfaces du futur et d'imaginer à quoi elles pourraient ressembler en 2020. Le résultat vient d'être publié et occupe une centaines de pages. Le rapport Being Human est téléchargeable sous forme d'un fichier au format PDF (3,1 Mo).

    Les idées développées n'ont pas de quoi surprendre beaucoup, d'autant que l'échéance choisie n'est pas si lointaine, comme si Microsoft avait voulu poser aux experts une question pratique, « sur quoi voulez-vous que nos ingénieurs travaillent durant les prochaines années ? ». La voix et la reconnaissance de forme occupent logiquement une bonne part dans les interfaces imaginées. En 2020, la commande de machines par la pensée, aujourd'hui esquissée, est devenue réalité, tout comme les tables réactives, ces écrans horizontaux qui repèrent les objets que l'on y pose. De telles réalisations existent déjà et les experts ont notamment pu s'inspirer de Surface, un prototype de table-écran signé Microsoft.

    Sur la Reactable, conçue par l'équipe de Sergi Jordà (université Pompeu Fabra, Barcelone), plusieurs personnes peuvent simultanément poser des objets, repérés par l'ordinateur. © U. Pompeu Fabra

    Sur la Reactable, conçue par l'équipe de Sergi Jordà (université Pompeu Fabra, Barcelone), plusieurs personnes peuvent simultanément poser des objets, repérés par l'ordinateur. © U. Pompeu Fabra

    A cette époque, la machine nous reconnaît et comprend nos gestes. Elle nous habite, même, glissée dans des bracelets, des bijoux voire des implantsimplants à l'intérieur du corps. Elle nous entoure aussi. Aujourd'hui, nous utilisons déjà plusieurs ordinateurs, parfois cachés, comme ceux tapis dans notre téléphone, dans l'appareil photo ou derrière le distributeur de billets de banque. Mais en 2020, chacun d'entre nous en utilise des milliers puisqu'ils sont partout. De leur côté, les logiciels se perfectionnent et il n'est plus toujours facile de savoir à qui ou à quoi appartient la voix que l'on entend au bout du fil. Enthousiastes, les spécialistes n'hésitent pas à voir un rapprochement déjà perceptible entre l'homme et l'ordinateur...

    Mémoire assistée

    Le rapport le pense, les nouvelles interfaces aideront les ordinateurs à engranger de nombreuses données personnelles et à assister notre mémoire désespérément défaillante. Les Cyber Goggles, ces lunettes expérimentales qui enregistrent tout, permettant de retrouver l'endroit où l'on a posé les clés, ne seraient donc qu'un début.

    Le Digital Message Center (Audiovox) est un minuscule ordinateur qui se colle sur le réfrigérateur, tel un magnet. Il sert à laisser des messages aux autres membres de la famille. © Audiovox

    Le Digital Message Center (Audiovox) est un minuscule ordinateur qui se colle sur le réfrigérateur, tel un magnet. Il sert à laisser des messages aux autres membres de la famille. © Audiovox

    Cet enregistrement permanent est omniprésent. Les informations échangées sur Internet, les documents stockées en ligne, les échanges entre personnes sont autant d'informations inscrites quelque part. Les puces RFIDpuces RFID permettent de pousser très loin la traçabilitétraçabilité des objets et des hommes. Le rapport évoque « la fin de l'éphémère ». Les écrits restent et la parole ne s'envole plus.

    Cette évolution, déjà en marche aujourd'hui, inquiète nos prospectivistes. Le design ne suffit plus, l'ingénierie non plus. Il conviendrait, insistent les experts dans leurs recommandations finales, d'inclure d'autres acteurs. A l'issue de la fabrication d'un objet, il conviendrait d'ajouter une étape d'évaluation pour tenter de prévoir comment il sera utilisé. La recherche sur les interfaces homme-machine devrait être largement pluridisciplinaire et enrôler des universitaires de tous les domaines et des représentants de la société.