Pour ne pas louper le train de l'innovation, il faudra d'abord vous équiper d'un casque de réalité virtuelle, puis créer votre avatar et là, à vous la belle vie… virtuelle dans le métavers. Gros buzz dans tous les secteurs de l'économie dopés par les Big Five de l'Internet mais, selon les experts, les entreprises ont tout intérêt, pour l'instant, à n'y « tremper qu'un orteil ».


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    Essayage de vêtements ou mise en situation pour un recrutement : dans les travéestravées de VivaTech, les univers virtuels du métavers concernent des secteurs de plus en plus divers, portés par de très importants investissements faits pour ne pas rater ce virage technologique. « Les entreprises sont en train de s'armer : les grands du jeu vidéo, les grands de la technologie mais aussi les grandes marques qui ne veulent pas rater ce train-là », affirme à l'AFP Eric Hazan, associé au sein de McKinsey, à l'occasion de ce salon consacré au numérique qui a ouvert mercredi à Paris.

    Selon une étude de ce cabinet, les investissements dans les technologies ouvrant la voie au métavers ont déjà atteint plus de 50 milliards de dollars en 2021 et pourraient plus que doubler cette année. « On est sur des montants tout à fait colossaux, c'est trois fois plus que les investissements dans l'Intelligence artificielle en 2017 », selon M. Hazan.

    Les géants de l'économie s'y ruent

    Le géant du luxe LVMH propose par exemple plusieurs expériences immersives sur son stand, dont du « live streamingstreaming », une manière de faire visiter des événements réels ou virtuels à de riches clients à distance. « C'est un "microvers" qui permet de s'affranchir des contraintes de temps et d'espace », explique à l'AFP Stephan Emanuely, chargé de la direction des services informatiques chez Louis Vuitton.

     Essayer puis acheter des vêtements avec son casque VR, c'est possible avec le shopping virtuel pour des « expériences plus immersives et interactives ». © Nana, Adobe Stock
     Essayer puis acheter des vêtements avec son casque VR, c'est possible avec le shopping virtuel pour des « expériences plus immersives et interactives ». © Nana, Adobe Stock

    LVMH accueille aussi DressX, une start-upstart-up qui propose d'acheter et d'essayer des vêtements virtuels, et que l'on peut donc uniquement revêtir sur une photo ou un avataravatar, par exemple pour la plateforme de jeux très populaire Roblox.

    D'autres voient dans le monde virtuel l'opportunité d'une opération de communication, comme BNP Paribas qui prolonge son stand grâce au métavers de Spatial ou le spécialiste français des titres-restaurants Edenred qui présente en réalité virtuelleréalité virtuelle (VR) sa « vision à 10 ans » d'un salarié utilisant toute la panoplie de services de l'entreprise. « Sans la VR, on aurait montré un écran de téléphone », explique le groupe à l'AFP.

    Adecco, l'un des leaders mondiaux de l'intérim, tente plutôt de trouver des solutions pour innover dans son cœur d'activité. Ainsi, une expérimentation permet au groupe de placer les futures recrues dans un environnement de travail réel en 3D pré-enregistré par ses clients avec des caméras à 360°. « Cela peut permettre par exemple d'évaluer leur capacité à travailler dans une nacelle en hauteur », explique à l'AFP Camille Mulquin, responsable marketing de la start-up Uptale.

    Espace collaboratif virtuel

    Mais, finalement, chacun a développé son propre univers, sans pour le moment beaucoup capitaliser sur les plateformes immersives partagées comme The Sandbox ou Decentraland, où pourtant la vente de terrains virtuels, objet d'une importante spéculation, a déjà dépassé les 500 millions de dollars.

    Investir dans un quartier en vue de Decentraland peut être un investissement immobilier porteur. Dernièrement, un terrain s'est vendu 2 millions de dollars. © Maurice Norbert, Adobe Stock
    Investir dans un quartier en vue de Decentraland peut être un investissement immobilier porteur. Dernièrement, un terrain s'est vendu 2 millions de dollars. © Maurice Norbert, Adobe Stock

    Fort de son avance dans le domaine, le groupe Meta (ex-Facebook) présente sur un écran géant sa vision maximaliste du métavers qui englobe des activités sociales, professionnelles et de divertissement. Des visiteurs essayent notamment Horizon Workrooms, un espace collaboratif virtuel, en open space ou au bord d'une plage. « Vous perdez complètement pied avec la réalité. Je ne me vois pas travailler 2 heures avec mais c'est difficile de lutter contre la tendance », commente une utilisatrice en retirant son casque.

    Si les entreprises ont un intérêt à mettre un orteil dans l'eau pour en prendre la température, il convient de rester extrêmement précautionneux

    Si le métavers atteint le grand public, les revenus générés pourraient atteindre entre 4.000 et 5.000 milliards de dollars à l'horizon 2030, soit l'équivalent de l'économie japonaise, selon l'étude de McKinsey. « Cela veut dire quasiment 40 à 50 % du jeu vidéo et un quart du commerce en ligne qui passent sur le métavers », décrypte Éric Hazan.

    Mais cette prévision reste soumise à de nombreuses inconnues, notamment la simplification de l'accès aux cryptomonnaies et aux portefeuilles virtuels, ou l'interopérabilité des plateformes. « Si les entreprises ont un intérêt à mettre un orteil dans l'eau pour en prendre la température », il convient de rester « extrêmement précautionneux », estime pour sa part Alexandre Aractingi, associé au sein du cabinet Boston Consulting Group. En effet, « comme c'est un buzz, beaucoup de directions veulent y aller en passant à côté de l'industriel », regrette-t-il.