La Fédération française des télécoms estime qu'il existe 5 à 10 % de « Net-goinfres ». Ces internautes qui utilisent 80 % de la bande passante pourraient voir leur forfait Internet limité par des plafonds de consommation ou de débit. Quelles en seraient les conséquences pour ces gros consommateurs et pour les autres ?
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Après le boom des forfaits illimités, les opérateurs proposeront-ils des forfaits Internet plafonnés ? © DR
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Qu'on se le dise, le document issu de la Fédération française des télécoms (FFT) qui révèle une possible fin de l'Internet illimité sur les abonnements fixes n'évoque pas qu'une simple hypothèse de travail. La démarche est réelle et pourrait rapidement aboutir, touchant un plus grand nombre d'internautes que celui évoqué par Orange. Vendredi, le premier fournisseur d'accès à Internet évoquait en effet « 1 % des gens qui downloadent des films toute la journée » pour désigner ceux qui pourraient être touchés par des plafonds de téléchargement. Mais dimanche, la FFT a déjà bien élargi le spectrespectre.
« Ce sont ces 5 % à 10 % de consommateurs qui utilisent 80 % de la bande passante », a confié au Figaro Yves Le Moël, le directeur général du lobby qui regroupe Orange, SFR et Bouygues Télécom. « Il s'agit de très, très gros consommateurs, une frange de clients très particuliers que l'on retrouve dans tous les pays », indique-t-il, avant d'en dresser le portrait robot. « Ils passent leur temps à télécharger des films, font de la vidéo en permanence, passent la journée sur Facebook avec de la vidéo, YouTubeYouTube, Dailymotion. » Bref, ils font ce que leur permet de faire leur abonnement à Internet. Ce sont des « Net-goinfres », selon l'expression utilisée par Yves Le Moël dans Le Parisien.
Vers des forfaits Internet bridés ?
« Peut-être les opérateurs feront-ils des tarifs différents pour ceux-là ? Peut-être leur limiteront-ils la bande passante ? Rien n'est décidé », assure M. Le Moël. Mais le principe du plafond, lui, est bien acté.
Dimanche le gouvernement a publié un communiqué qui affirme qu'il « n'envisage aucune restriction de l'accès à Internet et travaille bien au contraire au développement du très haut débit fixe et mobilemobile sur l'ensemble du territoire et pour l'ensemble des Français. [Nous travaillons] à encadrer l'utilisation du terme "illimité" par les opérateurs afin de protéger les consommateurs contre certains abus ».
Comme l'analyse Édouard Barreiro, de l'UFC que Choisir, l'idée des opérateurs n'est pas seulement de sanctionner les plus gros consommateurs de bande passante, mais aussi et surtout de créer des formules de forfaits à géométries variables. Ce qui aura pour effet de rendre très difficile la comparaison des forfaits d'un opérateur à un autre, comme sur le mobile où le nombre de formules différentes est ridiculement élevé.
On imagine ainsi facilement Orange (par exemple) proposer un forfait Internet de 20 Go de données téléchargeables, avec accès illimité à ses filiales Deezer, Dailymotion, Skyrock, Voilà.fr, etc., et une consommation illimitée sur ses services de VODVOD et de SVOD. Les 20 Go seront ainsi consommés sur tous les services Internet non affiliésaffiliés à Orange, incitant l'abonné à privilégier plutôt ceux qui rémunèrent l'opérateur.
Certes, Numericable et Free ont déjà exclu de mettre fin à l'illimité sur leurs forfaits. Mais cela n'empêchera pas les autres opérateurs de proposer des forfaits moins chers qu'actuellement, pour attirer la clientèle, en instaurant des plafonds de consommation. « Il y aura sans doute des offres différenciées, mais cette différenciation peut aussi se faire à la baisse... », a d'ailleurs reconnu Yves Le Moël. Le principe même d'Internet serait-il menacé ?
par OAMP
le 23 août 2011
