Les militaires français ont bien compris l’intérêt des munitions rôdeuses sur les champs de bataille en Ukraine. Pour équiper massivement les troupes avec des drones suicides, quatre entreprises françaises vont créer deux types d’aéronefs low-cost conçus pour frapper une cible dite « légère » à plus ou moins longue distance.


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    ColibriColibri, Larinae, ces deux noms d'oiseaux sont les appellations de deux projets de drones suicides pour l'armée française. Autrement appelées munitions rôdeuses, ces drones sont conçus pour frapper des cibles dites « légères » (personnel, blindé léger, véhicule logistique...). Depuis pratiquement le début du conflit en Ukraine, c'est ce genre de drones qu'utilisent les forces armées ukrainiennes. Les États-Unis leur ont fourni des drones Switchblade, ou encore des PhoenixPhoenix Ghost. De leur côté, les russes cherchent très régulièrement à frapper des infrastructures civiles « critiques » avec les drones iraniens Shahed-136.

    Sur ce type de munitions, la France a un sacré temps de retard qu'elle compte justement rattraper. Pour obtenir des démonstrateursdémonstrateurs d'ici la fin de l'année, l'Agence de l'innovation de défense (AID) a sélectionné deux consortiums d'entreprises à la suite d'un appel d’offres lancé en mai 2022.

    Ainsi, Colibri sera porté par le missilier MBDA et le constructeur de drones Novadem. L'aéronefaéronef sera de type à voilure tournante, c'est-à-dire un quadrirotor. Il pourrait être conçu à partir du NX70 produit par la société Novadem et déjà utilisé depuis environ cinq ans par l'armée de Terre dans les opérations d'observation et de reconnaissance. Dans le cahier des charges, le drone est supposé pouvoir frapper une cible avec une « précision métrique » dans un périmètre de cinq kilomètres, une distance atteignable qui correspond effectivement aux capacités du NX70. Son autonomie serait d'une trentaine de minutes et il devrait être facilement utilisable par le fantassin et déployable en milieu urbain.

    Le drone Larinae pourrait bien être basé sur l’aile volante UX11 de Delair qui est déjà utilisée par l’armée de terre pour les missions d’observation et de renseignements depuis presque quatre ans. Les modifications devraient être considérables pour pouvoir transporter la charge explosive. © Delair
    Le drone Larinae pourrait bien être basé sur l’aile volante UX11 de Delair qui est déjà utilisée par l’armée de terre pour les missions d’observation et de renseignements depuis presque quatre ans. Les modifications devraient être considérables pour pouvoir transporter la charge explosive. © Delair

    Du low-cost facile à produire en masse

    L'AID avait précisé que ce drone devrait être rapide à produire et à un coût unitaire considéré comme faible pour les militaires, c'est-à-dire sous la barre des 20 000 euros. Pour le projet Larinae, le type de drone est différent en raison d'un rayon d'action de 50 kilomètres. Il s'agira donc d'une aile volante capable de voler durant une heure. Le binôme retenu est Nexter et Delair. Ce dernier produit déjà le drone UX11 qui est également utilisé par l’armée de Terre. Il devrait donc servir de matrice à Larinae. La partie charge explosive à fragmentation contrôlée sera développée par Nexter. Son coût unitaire ne dépassera pas les 200 000 euros.

    Lors d'une interview au Figaro en février, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait reconnu que la France accusait un réel retard sur le développement de ces munitions rôdeuses. C'est pour cette raison que l'AID et la DGA avaient décidé d'un cahier des charges dénué de spécifications techniques, mais basé sur des effets à produire. Les appareils doivent de surcroit être produits rapidement et à faible coût. Le ministre avait également ajouté que l'armée comptait recevoir à l'horizon 2030 une flotte de 1 800 munitions rôdeuses.