La Troisième République est le régime politique qui succède au Second Empire. Elle est proclamée le 4 septembre 1870.


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    La Troisième République naît à la faveur d'une défaite militaire sanglante qui pose la question du régime politique à adopter. Les hésitations entre république et monarchie perdurent tout au long des années 1870 avant de voir la République s'imposer durablement. La défaite militaire de 1870 provoque l'avènement de la Troisième République.

    Les causes de la guerre franco-prussienne de 1870

    La IIIe République est une conséquence directe de la cuisante défaite des Français face à la Prusse. Dans un premier temps, la France soutient la politique d'unification allemande menée par Bismarck, le chancelier prussien, sous l'autorité de l'empereur Guillaume Ier. Pourtant, en 1868, un différend oppose les deux puissances et marque un tournant dans les relations diplomatiques entre Napoléon III et Bismarck, relations qui se tendent brutalement. L'affrontement semble inévitable.

    En effet, Napoléon s'oppose à la candidature d'un prince prussien, Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, au trône d'Espagne, car l'empereur redoute un encerclement de la France par la puissance prussienne. Au terme d'âpres négociations, les Français obtiennent gain de cause au début de l'année 1870. Mais Napoléon III n'en reste pas là : il exige de Guillaume Ier un renoncement officiel et public des prétentions de son candidat à la couronne espagnole. Or Guillaume Ier repousse à trois reprises les demandes d'audience de l'ambassadeur français chargé d'obtenir ce renoncement. Au troisième refus, l'empereur prussien envoie un télégramme, la dépêche d'Ems, à Bismarck. Ce dernier utilise alors ce document pour provoquer les opinions publiques allemande et française dans le but de provoquer la guerre.

    En effet, la Prusse veut laver l'affront de la bataille d'Iéna (1806) et conforter sa suprématie militaire après ses victoires contre l'Autriche et le Danemark. Bismarck joue habilement avec le contenu du télégramme pour provoquer l'indignation de l'opinion allemande devant l'insistance inconvenante de l'ambassadeur français, et susciter la colère de l'opinion publique française face au refus de l'empereur de recevoir leur ambassadeur. Le 19 juillet 1870, Napoléon III déclare la guerre à la coalition prussienne avec l'accord du corps législatif, Bismarck est arrivé à ses fins.

    Caricature en référence à la crise diplomatique provoquée par le télégramme de l'Ems, dans laquelle le chancelier prussien Otto von Bismarck est représenté utilisant un câble télégraphique pour lancer une toupie aux traits du Premier ministre espagnol Juan Prim et y emmêler l'empereur français Napoléon III. © <em>Wikimedia Commons</em>, Domaine public
    Caricature en référence à la crise diplomatique provoquée par le télégramme de l'Ems, dans laquelle le chancelier prussien Otto von Bismarck est représenté utilisant un câble télégraphique pour lancer une toupie aux traits du Premier ministre espagnol Juan Prim et y emmêler l'empereur français Napoléon III. © Wikimedia Commons, Domaine public

    L'armée coalisée qui unit sous un même commandement la confédération d'Allemagne du Nord et les États d'Allemagne restés indépendants, est bien mieux préparée et surtout plus nombreuse que l'armée française. Cette dernière est lourdement défaite à Sedan le 1er septembre 1870 ; Napoléon III est capturé, la France est envahie par les forces coalisées prussiennes, le Second Empire n'y survit pas. La Troisième République est proclamée le 4 septembre 1870.

    Soldats français à côté d'un canon le 23 juillet 1870 dans la guerre franco-prussienne de 1870-1871. © <em>Wikimedia Commons</em>, Domaine public
    Soldats français à côté d'un canon le 23 juillet 1870 dans la guerre franco-prussienne de 1870-1871. © Wikimedia Commons, Domaine public

    Les conséquences de la défaite française

    L'invasion et l'occupation de la France par l'armée prussienne entraînent la constitution d'un gouvernement de la Défense nationale. Si Gambetta veut poursuivre la guerre, ce n'est pas le cas du monde rural et de la frange modérée du gouvernement. Cette tendance est confirmée dans les urnes lors des élections législatives de février 1871 : les partisans de la paix, les monarchistes, remportent la majorité des suffrages. Ils désignent Adolphe Thiers comme chef de l'exécutif. La paix est définitivement conclue lors du Traité de Francfort, le 10 mai 1871. Le traité entérine le rattachement de l'Alsace et de la Lorraine à la Prusse et contraint la France à verser une indemnité de guerre de plus de 5 millions de francs. 

    La Commune, un climat insurrectionnel au cœur de Paris

    Lors de l'invasion de la France, les Prussiens posent le siège devant Paris. Or les mursmurs d'enceinte et les bastions sont jusque-là laissés à l'abandon. Face à la menace prussienne, les fortifications sont réparées à la hâte, l'armement lourd est rapatrié en urgence, des usines d'armement sont installées à l'intérieur des murailles. Les hommes se mobilisent dans la précipitation après avoir appris la défaite de Sedan et s'organisent tant bien que mal. Les Parisiens ne veulent pas cesser la guerre, ils veulent continuer l'affrontement. Les combats s'engagent entre les forces prussiennes et françaises, et ne s'achèvent qu'en janvier 1871 lorsqu'une convention d'armistice et un cessez-le-feu sont signés au soir du 28 janvier. 

    Le Siège de Paris, par Ernest Meissonier, huile sur toile, 1870-1884, Paris, musée d'Orsay. © <em>Wikimedia Commons</em>, Domaine public
    Le Siège de Paris, par Ernest Meissonier, huile sur toile, 1870-1884, Paris, musée d'Orsay. © Wikimedia Commons, Domaine public

    Coupés du reste du pays pendant toute cette période, les Parisiens sont rapidement rationnés. Ils doivent composer avec le froid mordant de l'hiverhiver, les maladies, les bombardements prussiens incessants et la faim. Ils s'organisent de manière autonome et constituent des comités de vigilance. Progressivement, un fossé se creuse entre les aspirations sociales du peuple parisien et le gouvernement bourgeois mené par Thiers. Le souvenir de la République confisquée par les élites bourgeoises en 1848 est encore bien vivant. Le 18 mars 1871, les ouvriers et artisans parisiens entrent en insurrection. Ils s'installent à l'Hôtel de ville de Paris et proclament la Commune de Paris. L'objectif est d'instaurer une république sociale qui permettrait de combiner une démocratie libérale et une politique de réduction des inégalités sociales. Elle s'appuie sur la démocratie directe. Paris fait sécession.

    Le gouvernement Thiers, qui avait fui à Versailles, envoie une armée pour réprimer l'insurrection. MacMac Mahon en prend le commandement et écrase le mouvement insurrectionnel lors de la semaine sanglante entre le 21 et le 28 mai 1871. Le mouvement ouvrier est durement touché.  Les derniers Communards sont exécutés et fusillés devant le Mur des Fédérés au Père Lachaise.

    C'est dans ce contexte de défaite et d'insurrection que naît la Troisième République. En 1871, elle reste fragile et sous la menace d'une restauration monarchique. L'affirmation des grands principes républicains se fait progressivement et le régime n'est définitivement consolidé qu'en 1879.