Du 4 au 15 mars, le Commandement de l’espace (CDE) de l’Armée de l’air et de l’espace a dirigé un nouvel exercice de guerre spatiale de grande ampleur. C’était le plus grand exercice de ce genre en Europe.


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    Depuis sa création le 3 septembre 2019 en réponse à des actes d'espionnage d'un satellite militaire franco-italien par un satellite espion russe, le Commandement de l'espace (CDE) se prépare à une extension dans l'espace de conflits terrestres d'ampleur, comme c'est déjà le cas depuis le début de la guerre en Ukraine.

    L'exercice AsterX 2024 était le quatrième exercice de guerre spatiale mené par le CDE. Une fois de plus, il s'est tenu à Toulouse, dans les locaux du Cnes, agence spatiale française et partenaire historique. À quelques centaines de mètres de là, progresse le chantier du futur quartier général du CDE, d'où seront pilotés les satellites militaires français. Il doit être opérationnel en 2025.

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    Toujours plus réaliste, toujours plus riche

    Comme en 2023, l’exercice a duré une dizaine de jours afin de pouvoir mener les opérations en temps réel. Dans un communiqué, le CDE insiste sur le besoin d'entraîner ses équipes au niveau tactique et opératif. Chaque année, le CDE et les scénaristes de l'exercice s'affairent à le rendre le plus réaliste possible.

    Multimilieux et multichamps : l'objectif d'AsterX 2024. © Armée de l'air et de l'espace

    D'abord, le Commandement de l'espace ne s'est pas entraîné tout seul. L'exercice AsterX 2024 a réuni les différents commandements des différentes armées pour les entraîner à agir en interopérabilité. De plus, AsterX 2024 a réuni au total 15 nations étrangères venant d'Europe, des États-Unis, du Canada, mais aussi des Émirats arabes unis, du Japon et de Corée du Sud.

    Au total, l'exercice a rassemblé 140 participants, dont des partenaires industriels bien connus dans le spatial européen comme Airbus Defence & Space ou ArianeGroup, mais aussi des entreprises émergentes du New Space comme Exotrail. Un supercalculateursupercalculateur a même été mis à disposition pour prendre en compte l'environnement spatial de l'exercice qui comprenait 4 000 objets.

    Maquette du satellite patrouilleur et démonstrateur Yoda de l'Armée de l'air et de l'espace présentée au Forum innovation et défense à Paris du 23 au 25 novembre 2023. Dans quelques années, le modèle de vol sera opérationnel et testera les capacités de la France à disposer d'un satellite patrouilleur. © Daniel Chrétien, Futura
    Maquette du satellite patrouilleur et démonstrateur Yoda de l'Armée de l'air et de l'espace présentée au Forum innovation et défense à Paris du 23 au 25 novembre 2023. Dans quelques années, le modèle de vol sera opérationnel et testera les capacités de la France à disposer d'un satellite patrouilleur. © Daniel Chrétien, Futura

    Un scénario en accord avec les menaces actuelles

    Depuis le début de la guerre en Ukraine, dont l'invasion était précédée du brouillage de plusieurs satellites de télécommunication et de positionnement, l'extension des conflits terrestres en orbite résonne désormais comme une évidence. On rapporte toujours plus d'actes d’espionnage de satellites par des satellites dits « patrouilleurs » russes, chinois, ou américains, ou de manœuvres étranges par des satellites « zombies ».

    Le général de division aérienne Philippe Adam, commandant de l'Espace, a évoqué en conférence de presse un environnement spatial toujours plus complexe, plus volatil, où il fallait régulièrement faire face à des manœuvres agressives de satellites, notamment russes.

    Pour reproduire au mieux ces enjeux auxquels le CDE et ses partenaires doivent faire face, l'exercice AsterX 2024 a inclus dans son scénario 23 événements, prenant en compte 14 menaces différentes, et ayant lieu dans tout type d'orbite.

    Étude des manœuvres du satellite espion russe <em>Luch Olymp</em> près des satellites français de télécommunication d'Eutelsat par la compagnie américaine Slingshot Aerospace, qui s'aide d'IA pour ses analyses. © Slingshot Aerospace
    Étude des manœuvres du satellite espion russe Luch Olymp près des satellites français de télécommunication d'Eutelsat par la compagnie américaine Slingshot Aerospace, qui s'aide d'IA pour ses analyses. © Slingshot Aerospace

    Pour la première fois, le scénario intégrait aussi une équipe « rouge », jouant le rôle de l'ennemi, pour répondre aux décisions des opérateurs du CDE. Tout est parti du rapprochement d'un satellite de renseignement du CDE par un patrouilleur ennemi. Le reste du scénario s'est en partie construit au fur et à mesure des décisions des joueurs.