Le règne de Constantin Ier, dit le Grand (306-337), marque une rupture majeure dans l'histoire de l'Empire romain. Sa conversion au christianisme, à partir de 312, et son implication dans la réorganisation de l'Église ont des conséquences profondes et durables.


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    Empereur romain qui parvient à réunifier l'empire romain après des années de guerre civile, Constantin passe à la postérité comme étant le premier empereur romain chrétien. Cette conversion marque un point de bascule dans l'évolution de l'Empire romain et l'essor du christianisme. Mais qu'est ce qui conduit cet empereur à se convertir au christianisme ? Quelles sont les conséquences de cette conversion à l'échelle de l'Empire ?

    La réunification de l’Empire romain

    Né entre 280 et 285, Flavius Valerius Constantinus est lui-même fils d'empereur. Il est l'enfant de Constance Ier et d'Hélène, sa concubine. Le jeune Constantin évolue au cœur du système tétrarchique romain et côtoie Dioclétien avant d'entrer dans l'armée aux côtés de Galère. Il rejoint son père, devenu auguste, en Bretagne où il est lui aussi proclamé auguste en 306 par les soldats de son père. Chef de guerre et habile militaire, il bat Maxence qui lui dispute le pouvoir d'auguste lors de la mythique bataille du pont Milvius en 312. Lors de cette bataille, Constantin aurait eu une vision, vision rapportée par Eusèbe de Césarée, hagiographe de l'Empereur. Le Christ serait apparu en songe à l'auguste et lui aurait indiqué : In hoc signo vinces - « par ce signe, tu vaincras ». Constantin aurait alors fait apposer sur les boucliers de ses soldats le symbole X et P. Ce symbole reprend les deux premières lettres grecques du mot Christ.

     

    La vision de Constantin et la bataille du pont Milvius dans un manuscrit byzantin du IXe siècle. © WIKIMÉDIA COMMONS, DOMAINE PUBLIC
    La vision de Constantin et la bataille du pont Milvius dans un manuscrit byzantin du IXe siècle. © WIKIMÉDIA COMMONS, DOMAINE PUBLIC

    Il étend par la suite son autorité au monde oriental lorsqu'il bat Licinius lors des batailles d'Andrinople et de Chrysopolis en 324. Constantin rétablit ainsi l'unité de l'Empire, c'est à cette occasion qu'il fonde la ville de Constantinople, nouvelle capitale face à une Rome déclinante. Il inaugure et consacre la ville en 330.

    Son action politique en faveur du christianisme

    En 313, Constantin et Licinius s'accordent sur le partage de l'Empire. Cet accord comporte un édit de tolérance religieuse qui octroie aux chrétiens la liberté de pratiquer leur religion. Cet édit de Milan garantit la restitution des biens confisqués et confirme la fin des persécutions, décision prise deux ans auparavant par l'empereur Galère par l'édit de Sardica en 311.

    En juillet 325, Constantin convoque le concile de Nicée qui réunit les évêques d'Empire pour répondre aux divergences doctrinales qui divisent le christianisme. Il prend position contre l'arianisme, et le concile aboutit à l'adoption d'une confession de foi qui tranche la question de la création du Christ . Ce concile est considéré comme le premier concile oecuménique de l'Eglise primitive. 

    Constantin et sa conversion christianisme

    Si Constantin s'est montré favorable au christianisme tout au long de son règne, les motivations profondes qui poussent l'empereur à se convertir restent largement débattues par les historienshistoriens. Cette conversion est qualifiée d'inattendue tant la religion chrétienne n'est pas dominante dans l'Empire et a fait l'objet de trois siècles de persécution. 

    La mère de Constantin était chrétienne et son père, empereur rappelons-le, n'a jamais appliqué les décrets de persécutions à l'encontre des chrétiens. Mais cette tolérance dans laquelle il a été élevé suffit-elle à expliquer cette conversion ? Si l'éducation reçue explique en partie les dispositions de Constantin pour le christianisme, d'autres éléments doivent être pris en considération pour expliquer cet événement considéré comme majeur dans l'histoire romaine et de la chrétienté. Mais cette conversion reflète-t-elle une conviction profonde de l'empereur mourant ou se convertit-il par habileté politique pour consolider par l'idéologie un empire tout juste réunifié ?

    Icône de Saint Constantin et Hélène, mère de Constantin Ier, Syrie (XIVe siècle) © WIKIMÉDIA COMMONS, DOMAINE PUBLIC
    Icône de Saint Constantin et Hélène, mère de Constantin Ier, Syrie (XIVe siècle) © WIKIMÉDIA COMMONS, DOMAINE PUBLIC

    Du point de vue politique, faire le choix d'une religion qui représente seulement 5% à 10% de l'empire et a fait l'objet de trois siècles de persécution est aller à l'encontre de la majorité. Fait intéressant, Constantin n'a par ailleurs jamais persécuté ni condamné le paganisme. Il ménage ainsi les deux communautés par ses décisions politiques. D'une part, il reconnaît la compétence juridique épiscopale avec les tribunaux épiscopaux, d'autre part, il frappe la monnaie avec des références païennes. 

    Au-delà de ces motivations politiques qui paraissent anecdotiques, se pose la question des convictions personnelles de l'empereur. Pour certains auteurs comme Zosime, historien grec, l'empereur aurait été pris de remords après avoir fait assassiner son fils aîné, Crispus, et sa seconde épouse, Fausta. Sa conversion serait intervenue à la suite de ces événements en 326. Pris de remords, il aurait cherché un moyen de s'absoudre de ses péchés. Mais ce récit est réfuté avec force par son hagiographe, Eusèbe de Césarée, qui explique la conversion de l'empereur par sa volonté d'oeuvrer au salut de son peuple et sa conviction "d'être le héros de la Providence". 

    Les récents travaux montrent que la conversion au christianisme serait le point d'orgue du cheminement personnel de Constantin et de la progression d'une sensibilité au monothéisme. Il est donc vain de chercher les causes précises de cette conversion, comme le souligne Paul Veyne : "Car la croyance est un état de fait dont la causalité nous échappe". Certains historiens comme André Piganiol ont été jusqu'à affirmer que l'empereur ne s'était jamais converti.  Cependant, cette hypothèse semble peu probable. Constantin est baptisé sur son lit de mort en 337. Ce baptême tardif s'explique notamment par le fait que le baptême lavelave de tous les péchés, le fidèle attend donc le dernier moment pour se faire baptiser conformément à la coutume de l'époque.

    La position ambivalente des historiens montre la complexité d'identifier les causes de cette conversion si ce n'est la convergence de plusieurs facteurs. Par commodité, l'histoire date de 312 et la bataille du Pont Milvius la conversion au christianisme de l'empereur, date qui s'est inscrite dans la tradition chrétienne comme élément fondateur.