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    Le tamisage et le tri

    Le tamisage et le tri

    Après avoir suivi le cheminement des objets, retournons sur la fouille pour suivre cette fois le sédimentsédiment. Il est ramassé dans des seaux, par carré, et au sein de chaque carré, par niveau. On place dans chaque seau des morceaux de papier toilette avec le numéro de carré et la couche dont provient le sédiment. Ce papier va suivre le sédiment pendant tout son traitement. Le sédiment est d'abord tamisé à sec avec un tamis à maille grossière (Photo 13).

    <br />Photo 13 : La première étape du tamisage se fait avec un tamis à maille grossière. L'objectif principal est de vérifier que rien n'a échappé à la fouille. Le sédiment est récupéré pour être ensuite tamisé à l'eau.<br />&copy; François Marchal<br />Reproduction et utilisation interdites

    Photo 13 : La première étape du tamisage se fait avec un tamis à maille grossière. L'objectif principal est de vérifier que rien n'a échappé à la fouille. Le sédiment est récupéré pour être ensuite tamisé à l'eau.
    © François Marchal
    Reproduction et utilisation interdites

    Il s'agit là d'une étape essentiellement de précaution qui vise à vérifier que rien n'a échappé à l'attention du fouilleur. Or, si bon soit le fouilleur, on retrouve presque toujours quelques objets au tamis. Les objets ainsi récupérés ne peuvent pas être localisés avec autant de précision que les objets coordonnés, mais on est tout de même capable de connaître leur carré d'origine ainsi bien souvent que leur altitude approximative. Le sédiment restant est ensuite tamisé à l'eau pour éliminer les particules les plus fines, argilesargiles, limonslimons et sablessables fins. Il est mis à sécher et quand il est bien sec, il est trié soigneusement. C'est en effet là que l'on trouve les restes de microfaune, souvent très importants pour les reconstructions paléoenvironnementales et les estimations biochronologiques car les petites bêtes (en majorité les rongeursrongeurs) sont très sensibles aux conditions de l'environnement et ont une vitesse d'évolution élevée à cause de leur cycle reproductif très court.

    L'avantage du site des Auzières, pour pouvoir tamiser à l'eau, c'est que nous sommes dans la vallée de la Nesque, juste 15 à 20 mètre au dessus du lit de la rivière. L'inconvénient, est que ce lit est complètement sec. En effet, la Nesque disparaît beaucoup plus en amont, à l'entrée des gorges, happée par le réseau karstiqueréseau karstique du massif calcairecalcaire dans lequel est également creusée notre cavité. L'eau circule très profondément dans ce réseau. La résurgence se fait plus loin en aval, dans la plaine de Carpentras. A Méthamis et aux alentours, le lit de la Nesque est presque toujours totalement sec. A la faveur de très grosses précipitationsprécipitations, souvent orageuses, en amont, toute l'eau de la Nesque ne passe pas dans le réseau souterrain et le lit se remplit alors brutalement en générant une crue souvent violente, à la manière d'un oued. Les gens de la région disent que la Nesque « passe ». Elle ne « passe » jamais bien longtemps, et pas tous les ans. Mais quand elle passe, il vaut mieux ne pas être sur son chemin. Bref, cela ne fait pas notre affaire, car nous manquons cruellement d'eau aux abords du site.

    <br />Photo 14 : En l'absence d'un point d'eau courante, le tamisage à l'eau se fait dans des grands bacs. Inconvénient, il faut quotidiennement vidanger le sédiment fin qui tombe au fond des bacs et réalimenter en eau.<br />&copy; François Marchal<br />Reproduction et utilisation interdites

    Photo 14 : En l'absence d'un point d'eau courante, le tamisage à l'eau se fait dans des grands bacs. Inconvénient, il faut quotidiennement vidanger le sédiment fin qui tombe au fond des bacs et réalimenter en eau.
    © François Marchal
    Reproduction et utilisation interdites

    Nous avons alors décidé d'utiliser un grand réservoir coupé en deux dans le sens de la longueur (Photo 14). Une fois posés au sol, ces deux demi-bidons créent deux réservoirs d'une centaine de litres chacun. Il n'y a plus qu'à apporter chaque jour un peu d'eau jusqu'à ce qu'ils soient pleins. Évidemment, porter un bidon d'environ une vingtaine de litres dans la montée menant au site n'est pas de tout repos. Mais nous devons le faire presque tous les jours. Car en tamisant, les bacs s'emplissent vite du sédiment fin. Il faut chaque soir les vidanger de ce sédiment, mais comme il est gorgé d'eau, on perd tous les jours une importante quantité du précieux liquide qu'il faut donc remplacer presque quotidiennement dans les bacs à tamiser.

    <br />Photos 15 : Une fois tamisé à l'eau, le sédiment est mis à sécher sur de grandes bâches. On le récupère ensuite dans des grands sachets, puis il est intégralement trié pour le recueil des restes de microfaune.<br />&copy; Caroline Dabit<br />Reproduction et utilisation interdites

    Photos 15 : Une fois tamisé à l'eau, le sédiment est mis à sécher sur de grandes bâches. On le récupère ensuite dans des grands sachets, puis il est intégralement trié pour le recueil des restes de microfaune.
    © Caroline Dabit
    Reproduction et utilisation interdites

    Lorsque le sédiment est tamisé, on le fait sécher sur de grande bâche, en prenant bien soin de ne pas mélanger les carrés, ni au sein de chaque carré les niveaux. Une fois le sédiment bien sec, on le stocke momentanément dans des sachets plastiquesplastiques, puis, chaque jour, nous profitons du début d'après-midi, le moment le plus chaud de la journée, pour trier les sédiments à l'ombre (Photo 15). Concrètement, on verse un peu de sédiment dans une assiette en carton, et l'on fait glisser lentement les grains de sédiments d'un côté à l'autre de l'assiette avec une pointe de couteau ou une spatule. L'objectif est de repérer parmi ces grains de sédiments des ossements, ou de préférence des dents de microfaune. Il faut bien avouer qu'il s'agit là d'un travail assez fastidieux d'autant plus qu'aux Auzières, les sédiments sont pauvres en microfaunes et qu'il arrive de passer une heure de tri sans rien trouver.