Il était 7 h 55, heure locale, le mardi 1er décembre 2020, lorsque le radiotélescope d’Arecibo s’est effondré. Laissant les astronomes orphelins de l’un de leurs instruments fétiches et fer de lance de la recherche. Un mois plus tard, certains imaginent pouvoir le reconstruire. Le gouvernement de Porto Rico a débloqué une première, mais modeste, enveloppe pour soutenir le projet.


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    Deux câbles rompus. Et finalement, le 1er décembre 2020, la communauté des chercheurs -- et avec elle, tous les passionnés d'astronomie -- assistait, impuissante et émue, à l'effondrementeffondrement de la plateforme de 900 tonnes qui surplombait l'antenne de 305 mètres de diamètre du mythique radiotélescope d’Arecibo (Porto Rico). La disparition d'un instrument unique, capable de débusquer des exoplanètes et de traquer les astéroïdes géocroiseurs. Mais aussi la fin d'un lieu de culture scientifique qui faisait jusqu'alors la fierté de la population locale. Et qui avait inspiré bien des carrières.

    Rapidement, des voix se sont fait entendre pour réclamer la reconstruction du radiotélescope d'Areciboradiotélescope d'Arecibo. Plusieurs pétitions ont été lancées en ligne pour demander à ce que des fonds soient alloués à un projet de nouveau radiotélescope, plus performant encore. Quelques astronomesastronomes, parmi lesquels Ray Lugo, le directeur du Florida Space Institute (États-Unis), ont même lancé des études pour un « modèle Arecibo 2 qui surpasse toutes les installations existantes ». Mais il en coûterait quelque 400 millions de dollars.

    Alors, l'annonce du gouverneur de Porto Rico, Wanda Vasquez Garced, ce 28 décembre 2020, de débloquer une enveloppe de... huit millions de dollars semble loin du compte. Même si elle affirme que cet effort sera appuyé par d'autres en provenance des États-Unis -- une pétition comptant plus de 100.000 signatures devrait prochainement être transmise à la Maison-Blanche et au Congrès -- et du secteur privé. En attendant, le gouvernement de l'île a déclaré la région « zone historique ».

    Le 1<sup>er</sup> décembre 2020, le radiotélescope d’Arecibo s’est effondré. © <em>National Science Foundation</em>
    Le 1er décembre 2020, le radiotélescope d’Arecibo s’est effondré. © National Science Foundation

    Du temps nécessaire à reconstruire Arecibo

    La National Science Foundation (NSF, États-Unis), toujours responsable des opérations sur le site du radiotélescope d'Arecibo, précise que le processus de financement et de constructionconstruction d'infrastructures à grande échelle s'étale généralement sur plusieurs années. Il intègre les besoins de la communauté scientifique tout autant que les impacts environnementaux et culturels des projets. Ainsi si la NSF n'exclut pas la possibilité de reconstruire un instrument du côté d'Arecibo, elle estime qu'il est prématuré de commenter un tel projet, un mois seulement après l'effondrement de la plateforme de l'ancien radiotélescope.

    Le Congrès américain -- duquel les astronomes attendent un geste -- n'a pas alloué de financement à l'opération pour 2021. Il a toutefois demandé à la NSF d'étudier « s'il faut mettre en place une technologie comparable sur le site, ainsi que d'estimer les coûts associés ».

    Le saviez-vous ?

    En début de semaine dernière, Wanda Vasquez Garced, alors gouverneur de Porto Rico, déclarait « comme une question de politique publique, sa conviction pour la reconstruction du radiotélescope d’Arecibo et la reprise rapide de travaux scientifique et éducatif de classe mondiale à l’observatoire ».

    Mais un nouveau gouverneur vient tout juste de prendre ses fonctions. Pedro Pierluisi a, de son côté, déjà invité les « agences gouvernementales à réduire les coûts en limitant les voyages, en réduisant les contrats avec des tiers et en s’abstenant d’ouvrir de nouveaux postes ». Il a placé la lutte contre la Covid-19 et la relance de l’économie locale parmi ses priorités. Dans ces conditions, difficile de dire ce qu’il adviendra du radiotélescope d’Arecibo…

    La NSF rappelle également que l'observatoire d'Arecibo n'est pas fermé. Les recherches sur les données archivées se poursuivent. Des moyens vont être mis en œuvre pour rétablir les opérations sur les autres instruments du site : un télescope de 12 mètres et des installations Lidar.

    Avant de songer à reconstruire, il faudra, de toute façon, achever un lourd travail de déblaiement et de sécurisation du site de l'antenne de 305 mètres. Quelques opérations de réparation des dommages environnementaux causés par l'effondrement aussi. De quoi, déjà, puiser dans l'enveloppe de huit millions de dollars allouée par le gouvernement portoricain.