Une collaboration entre laboratoires russes et américains a conduit à la synthèse d’un nouvel élément rapprochant les physiciens nucléaires du fameux îlot de stabilité, un ensemble de noyaux super-lourds censés se désintégrer bien moins rapidement que ceux que l’on fabrique en accélérateurs.

au sommaire


    Une représentation d'artiste du noyau de l'élément 117. Crédit : Kwei-Yu Chu/LLNL

    Une représentation d'artiste du noyau de l'élément 117. Crédit : Kwei-Yu Chu/LLNL

    Pendant 250 jours, le laboratoire d'Oak Ridge aux Etats-Unis a utilisé l'intense flux de neutrons de son réacteur nucléaire pour synthétiser 22 milligrammes de berkelium (249Bk) à partir du 244Cm, un isotope du curium que l'on peut obtenir en bombardant du plutonium avec des rayons alpha. D'une demi-vie de 320 jours, le berkelium 249 a ensuite été purifié et séparé sur place pour fournir au bout de 90 jours une cible qui a été transportée en Russie.

    Là-bas, l'un des plus puissants accélérateurs d'ionsions lourds, le JINR U400 cyclotroncyclotron de Dubna, a bombardé pendant 150 jours la cible en berkéliumberkélium avec des ions calciumcalcium. Dans les débris des réactions nucléairesréactions nucléaires obtenues, les chercheurs russes et américains ont finalement découvert les traces de seulement 6 atomesatomes de l'élément 117.

    Ce dernier, très instable, se désintègre en cascade avec une émissionémission de noyaux d'héliumhélium, tout d'abord en l'élément 115 puis 113, lequel fissionne enfin en deux noyaux plus légers. Bien que ce soit l'élément le plus lourd découvert par les chercheurs au cours des expériences, 11 autres isotopes riches en neutrons et inconnus jusqu'ici ont été découverts par les analyses conjointes des laboratoires russes et américains.

    Cette découverte rapproche un peu plus les physiciensphysiciens de la création de ce que le prix Nobel de chimiechimie Glenn Theodore Seaborg a suspecté le premier : un îlot de stabilité constitué de noyaux super lourds, bien que riches en neutrons, suffisamment stables pour que des propriétés chimiques soient observables.

    Il faudra attendre encore quelque temps avant que l'élément 117 soit officiellement baptisé. L'élément 112, synthétisé pour la première fois en 1996, n'est devenu que récemment le copernicium.