Le petit homme d'un mètre de hauteur, dont les restes fossilisés ont été découverts en 2003, continue de faire parler de lui. Selon un chercheur australien, qui a étudié les outils manifestement façonnés par Homo floresiensis, nos ancêtres Homo sapiens auraient tout bonnement copié les procédés de ses minuscules cousins pour tailler la pierre.

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    La Dame de Flores, une reconstruction réalisée par Elisabeth Daynès, qui a à son actif de nombreuses (et superbes) représentations d'hominidés de la préhistoire. © Ph. Plailly / Atelier Daynès

    La Dame de Flores, une reconstruction réalisée par Elisabeth Daynès, qui a à son actif de nombreuses (et superbes) représentations d'hominidés de la préhistoire. © Ph. Plailly / Atelier Daynès

    Les squelettes exhumés en 2003 dans la grotte de Liang Bua, sur l'île de Flores (Indonésie), n'en finissent pas d'étonner les scientifiques. Un temps considérés comme des humains atteints de microcéphalie, surnommés hobbits (les petits humanoïdeshumanoïdes imaginés par Tolkien), ces êtres d'un mètre de hauteur, au cerveaucerveau de 400 centimètres cubes, ont finalement gagné le statut de nouvelle espèceespèce humaine, HomoHomo floresiensis. Leur cerveau puis leurs poignets ont plaidé pour leur cause, les situant quelque part dans le rameau des hominidéshominidés.

    Apparu il y a au moins 95.000 ans et disparu vers 17.000 ans avant le présent, bien après la disparition de l'Homme de NeandertalHomme de Neandertal, l'Homme de Flores est désormais considéré comme la dernière espèce cousine de l'homme moderne. L'Homo sapiensHomo sapiens (que nous sommes) a donc pu le rencontrer. Cependant, sur l'île de Flores, les premières traces humaines connues datent de 11.000 ans et la preuve n'est donc pas donnée.

    En 2006, une équipe australienne montrait que ces petits hommes fabriquaient des outils en pierre taillée, malgré un cerveau dont le volume est celui d'un chimpanzéchimpanzé. Les hobbits, dont l'anatomieanatomie diffère notablement de celle de l'homme moderne, n'étaient ni des cas pathologiquespathologiques rassemblés sur une île ni des singes éloignés de la lignée humaine.

    Un prof du paléolithique ?

    Mark Moore, un archéologue de l'université de New England (Armidale, Australie), va plus loin. Avec quatre collègues (australien, indonésiens et britannique), ce spécialiste des outils du paléolithique s'est penché de très près sur une série d'outils confectionnés par H. floresiensis. L'équipe a cherché à comprendre jusque dans le détail les techniques de taille de la pierre. Par exemple, les petits hommes avaient pour habitude de commencer par débiter grossièrement les pierres hors de la caverne puis de ramener leurs ébauches à l'abri pour les travailler plus précisément avec un marteau et parfois en s'aidant d'une enclume.

    Les chercheurs ont également étudié les outils réalisés par les humains (Homo sapiens, donc) qui ont occupé l'île après l'Homme de Flores. Selon eux, les similitudes sont très grandes. Ils décrivent une continuité dans la fabrication de ces objets en pierre entre la période de H. floresiensis et celle de H. sapiens.

    Présents dans cette région bien avant l'homme moderne, qui n'y est arrivé qu'il y a 45.000 ans, les petits hommes ont manifestement commencé à fabriquer des outils avant l'arrivée de sapiens. Si l'un a copié sur l'autre, affirment les auteurs de l'étude, c'est notre espèce.

    Si elle est confirmée, cette hypothèse remonterait encore l'Homme de Flores dans l'estime que nous lui devons. L'ex-microcéphale deviendrait instructeur dans l'industrie de la pierre...