Dans le cadre du programme Artemis, la Nasa et l'Agence spatiale italienne ont identifié la nécessité de développer des habitats spécifiques pour les missions humaines sur la Lune. Thales Alenia Space a été choisi pour concevoir un module lunaire pressurisé et polyvalent, afin de répondre à ces besoins. Franco Fenoglio, directeur des Programmes d'exploration spatiale habitée et robotisée chez Thales Alenia Space, nous donne un aperçu de cet habitat lunaire.


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    Thales Alenia Space, leader mondial des modules pressurisés pour les stations spatialesstations spatiales, s'engage dans un projet d'habitat pressurisé lunaire. Fin 2023, l'entreprise franco-italienne a signé un contrat avec l'Agence spatiale italienne pour la réalisation d'un premier module d'habitat polyvalent permanent sur la Lune (MPH, Multi-Purpose Habitat). Ce module « vise à fournir aux astronautes un habitat sécurisé, confortable et multifonctionnel, aussi bien pour des séjours de courte ou moyenne durée et capable de s'interfacer avec les systèmes du programme Artemis, tels que d'autres modules ou des rovers par exemple », explique Franco Fenoglio, directeur des Programmes d'exploration spatiale habitée et robotisée chez Thales Alenia Space.

    Quant à ce contrat, il a pour objectif de consolider le rôle central de l'Italie dans l'exploration habitée de la Lune et de renforcer la position de leader de Thales Alenia Space dans les modules pressurisés. Les équipes de Thales Alenia Space « travaillent déjà sur trois modules pressurisés destinés à la Lunar GatewayGateway : Esprit et I-HAB pour l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne et Halo pour Northrop Grumman ». Dans le cadre du programme Artemis de la Nasa, « l'importance du MPH a été soulignée par le succès de la revue "Element Initiation Review", validant son rôle critique dans l'architecture globale du programme Artemis sur la surface lunaire ». Si le projet aboutit, le « MPH marquera l'histoire en tant que premier module d'habitat italien sur la Lune ».

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    Les caractéristiques générales du module en cours de définition

    Les caractéristiques finales de ce module sont en cours d'évaluation. Interrogé sur les dimensions du module, Franco Fenoglio souligne que la « contrainte de la massemasse au lancement, actuellement fixée à 12 tonnes nous contraint à envisager un module long de 5,6 mètres et de 3 mètres de diamètre ». Mais, en cas de souplesse sur l'objectif de masse, « nous pouvons très bien envisager un module plus large avec un diamètre de 4,4 mètres, similaire aux modules de la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale ».

    Ce module habitable italien pourrait préfigurer une base lunaire par l'ajout progressif de nouveaux modules. © dottedyeti, Adobe Stock
    Ce module habitable italien pourrait préfigurer une base lunaire par l'ajout progressif de nouveaux modules. © dottedyeti, Adobe Stock

    Ce module lunaire sera adapté à l'environnement lunaire et à la gravité de la Lune. Il sera divisé en « deux parties avec une zone vie et une zone technique avec un sas pour les sorties et entrées de l'équipage ». Une petite fenêtrefenêtre est envisagée pour permettre à l'équipage d'observer l'intérieur et l'extérieur du module avant d'y entrer. Quant aux solutions de support de vie, « elles nécessiteront des technologies de pointe pour supporter les conditions hostiles régnant à la surface de l'astreastre, telles que le froid glacial des nuits et le régolitherégolithe, cette couche de très fine poussière ».

    Collante, volatile et allergèneallergène, cette poussière lunaire est un des sujets les plus préoccupants. Le défi majeur consiste à éviter sa circulation dans le module. Pour réduire ce risque, plusieurs solutions techniques sont envisagées, comme une « séparationséparation physiquephysique des deux parties du module ou, autre exemple, la mise en service d'un système de préventionprévention de la contaminationcontamination par la poussière lunaire dont on sait qu'elle est dangereuse à respirer et très abrasive pour les équipements ». Le MPH sera autonome en énergieénergie « avec une production d'environ 6 KW provenant de panneaux solaires déployés pendant les jours lunaires (qui durent 15 jours terrestres) et pendant la nuit lunaire, des batteries prendront le relais mais avec une production d'énergie divisée par trois ! ».

    La prochaine étape du programme sera de réussir la revue Mission Concept Review et se conformer aux exigences de l'ASI et de la Nasa. Ce jalon « sera fondamental pour assurer les phases suivantes du projet, à savoir la conception des technologies essentielles et le développement du module », conclut Franco Fenoglio. Cette revue est prévue ces prochaines semaines.