Le film Don't Look Up : Déni cosmique est sorti le 24 décembre 2021 sur Netflix, devenant l'un des films les plus regardés et commentés sur Internet ces dernières semaines. Si le long-métrage se pose comme une métaphore de la crise climatique actuelle, son scénario de destruction de la Terre par une comète est-il réaliste? [Spoiler]


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    De nombreux longs-métrages se sont amusés à imaginer ce qu'il pourrait advenir de la Terre et de ses habitants si un astéroïde ou une comète venait percuter la Planète. Le grand public a notamment pu savourer l'héroïsme outrancier de Bruce Willis dans Armaggedon ou les effets spéciaux démesurés d'un Deep ImpactDeep Impact. Le film Don't Look Up, sorti sur Netflix le 24 décembre 2021, part d'un postulat similaire : deux astronomesastronomes, interprétés par Jennifer Lawrence et Leonardo DiCaprio, découvrent une comète qui se dirige vers la Terre. Les scientifiques se retrouvent rapidement confrontés au désintérêt des médias et à l'immobilisme du gouvernement, alors que la Terre s'apprête à être détruite. Mais le scénario du film, qui se pare d'une aura de sérieux dans son traitement de la menace cosmique, est-il crédible? 

    La comète Leonard en novembre 2021. © Dan Bartlett, Apod, Nasa
    La comète Leonard en novembre 2021. © Dan Bartlett, Apod, Nasa

    Une histoire de taille 

    Dans Don't Look Up, la doctorante Kate Dibiasky découvre donc une comète d'environ 10 kilomètres de large, se rendant compte quelques heures plus tard que celle-ci menace la Terre, sur laquelle elle s'écrasera six mois plus tard. La comète, désignée par les scientifiques comme une « tueuse de planètes », atteint l'océan Pacifique, provoquant un cataclysme sans précédent et l'extinction presque immédiate de la vie animale et végétale.

    Dans l'espace, il existe en effet différent types de corps et objets célestes susceptibles d'être une menace. Le Centre d'études d'objets proches de la Terre de la Nasa (Center for Near Earth Objects Studies), chargé de la surveillance d'objets et astéroïdes gravitant dans un périmètre relativement proche de la Terre, a ainsi recensé près de 27.000 astéroïdes.

    Seulement 2.000 d'entre-eux sont considérés comme potentiellement dangereux, et 158 ont une taille équivalente ou supérieure à un kilomètre de diamètre. Parmi ces astéroïdes, certains ont acquis une grande réputation chez les adeptes de théories apocalyptiques. Apophis et ses 350 mètres de diamètre et le plus imposant Bénou, mesurant 500 mètres de diamètre, reviennent annuellement dans les prédictions de fin du monde. 

    Assemblage d'une mosaïque d'images obtenues par la sonde Osiris-Rex de l'astéroïde Bénou. © Nasa, <em>University of Arizona</em>
    Assemblage d'une mosaïque d'images obtenues par la sonde Osiris-Rex de l'astéroïde Bénou. © Nasa, University of Arizona

    Certaines comètes peuvent avoir des tailles similaires aux plus massifs des astéroïdes, seules leurs compositions permettent de différencier les deux types d'objets célestes. Certaines comètes atteignent cependant des dimensions démesurées, parfois bien plus impressionnantes que la comète Dibiasky de Don't Look Up. C/2014 UN271, ou Bernardinelli-Bernstein, imagée pour la première fois en 2014, pourraient ainsi avoir un diamètre de près de 100 kilomètres. À titre comparatif, le diamètre de Bernardinelli-Bernstein engloberait celui de l'Ile-de-France !

    Des « tueurs de planètes » ? 

    Peut-on envisager sérieusement que de tels objets détruisent la Planète et toute forme de vie à sa surface ? Un simulateur, créé par des chercheurs de l'Imperial College de Londres et l'Université de Purdue, démontre qu'un objet de 10 kilomètres de diamètre s'écrasant à 51 mètres par seconde sur Terre provoquerait des dégâts matériels considérables. L'impact d'une telle comète au centre de Paris calcinerait la majorité des sols sur l'intégralité du territoire français, brûlant au troisième degré un observateur situé à plus de 700 kilomètres, tandis qu'à Toulouse, la force maximale théorique du souffle serait de 725 mètres par seconde. Au point d'impact, tout serait oblitéré dans un secteur de 300 kilomètres de diamètre, avec un séismeséisme d'une magnitudemagnitude de 10,4 sur l'échelle de Richteréchelle de Richter

    L'impact d'un astéroïde de 8.000 mètres de diamètre s'écrasant sur Paris provoquerait la destruction d'une partie de l'Europe de l'Ouest. © <em>Asteroid Collision Map</em>
    L'impact d'un astéroïde de 8.000 mètres de diamètre s'écrasant sur Paris provoquerait la destruction d'une partie de l'Europe de l'Ouest. © Asteroid Collision Map

    David Morrison, astronome travaillant pour l'Ames Research Center de la Nasa, expliquait en 1999 à la revue Scientific American que l'impact d'un corps massif de 10 kilomètres, avec une puissance de 100 millions de mégatonnes, pourrait entraîner une extinction de masseextinction de masse. Outre la violence de l'impact et les effets immédiats mentionnés plus haut, la collision dégagerait un vaste amas de poussière et de matièresmatières qui obscurcirait durablement l'atmosphèreatmosphère terrestre. C'est un évènement similaire qui a accéléré la disparition des dinosaures, il y a 66 millions d'années. 

    Mais, pour l'instant, aucune comète ni aucun astéroïde ne menacent directement la Terre. La Nasa et d'autres agences spatiales veillent à la sécurité de la Planète grâce à des outils tels que le programme Sentry. Des programmes de déviation d'objets frôlant la Terre sont à l'étude. En novembre 2021, la Nasa a lancé la mission Dart qui testera les capacités de déviation d'un astéroïde à l'aide d'une sonde en septembre 2022. 

    La sonde Dart ira percuter l'astéroïde Dimorphos afin de modifier sa trajectoire, en septembre 2022. © Nasa, Johns Hopkins
    La sonde Dart ira percuter l'astéroïde Dimorphos afin de modifier sa trajectoire, en septembre 2022. © Nasa, Johns Hopkins