Grâce au spatial, le Cnes et sa filiale CLS (les fameuses balises Argos) font le pari, avec Argos for Next Generations, de connecter toute la planète, les zones urbanisées comme les régions les plus désertiques ainsi qu’au-dessus des océans, car ils misent sur l'Internet des objets connectés. Jean Muller, responsable des applications de localisation et de collecte de données à CLS, répond à nos questions.

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    À l'ère du New Space, l'heure est à la révolution IoT (InternetInternet of Things, en anglais, qui signifie Internet des objetsInternet des objets). À l'horizon 2020, le « nombre d'objets connectés dans le monde dépassera les 30 milliards, selon une étude publiée par Cisco », nous explique Jean Muller, responsable des applications de localisation et de collecte de données à CLS (Collecte Localisation Satellites), opérateur du système ArgosArgos. Un boom sans précédent, aux répercussions attendues dans de nombreux secteurs d'activité.

    Sauf qu'aujourd'hui « 90 % de la surface du globe est non connectée », un frein au développement de cette nouvelle économie mais une opportunité inédite pour le système Argos, un des « premiers systèmes par satellite de localisation et de collecte de données, à l'échelle du Globe, exploités à des fins scientifiques et environnementales ».

    Certes, pour de nombreuses applications IoT, « le satellite n'est, bien sûr, pas la solution de référence » : les réseaux de télécommunications terrestres feront très bien l'affaire. En revanche, pour d'autres, il sera nécessaire d'avoir « une couverture mondiale que seul le satellite peut apporter ». C'est notamment vrai pour la « surveillance de l'environnement, le suivi des avions et des navires ou le suivi de flux logistiques tout au long de la chaîne par exemple ». Quant aux mers et à leur survolsurvol ou pour les vastes étendues continentales presque désertiques, le « satellite reste la seule solution de connectivité envisageable ».

    Pour répondre à ce besoin de connectivité globale, l'opérateur du système Argos travaille sur Argos for Next Generations, la « constellation de satellites qui pourrait succéder à celle en place à l'horizon 2022 ». Face à une concurrence qui peine à se structurer en matière d'IoT spatial (les initiatives sur le papier foisonnent), Argos dispose d'atouts essentiels : « Des balises miniaturisées et autonomes, une capacité propre à se localiser de façon indépendante du GPSGPS et, surtout, une bande de fréquencesbande de fréquences dédiée qui se distingue des autres bandes, beaucoup plus bruitées, donc moins performantes ».

    Aujourd'hui, les balises Argos sont notamment utilisées pour le suivi des animaux. Demain, elles pourraient également être utilisées pour transporter et relayer les données des objets connectés. © John A. Nagy, GNWT

    Aujourd'hui, les balises Argos sont notamment utilisées pour le suivi des animaux. Demain, elles pourraient également être utilisées pour transporter et relayer les données des objets connectés. © John A. Nagy, GNWT

    Améliorer le temps de revisite pour répondre aux besoins de l'IoT

    Au terme d'une étude technico-économique « qui [...] permettra d'identifier la meilleure solution (offre) satellitaire en termes de retour sur investissement et de réponses aux besoins IoT », d'ici à juin 2018, CLS doit rendre publique l'architecture de cette constellation qui pourrait osciller « entre 10 et 20 micro- ou nanosatellitesnanosatellites ». Cette future constellation sera très vraisemblablement située en orbite basse, comme l'actuelle constellation Argos, « c'est-à-dire à 800 kilomètres d'altitude avec une fauchée au sol pour chacun des 12 satellites en service de quelque 5.000 kilomètres ». 

    Le saviez-vous ?

    Le Cnes et la société toulousaine Nexeya construisent Angels, un nouveau nanosatellite. Il sera lancé fin 2019 et collectera les données des balises Argos qui suivent les bateaux et l’état des océans. Il embarquera pour cela l’instrument Argos Neo, fourni par Syrlinks et Thales Alenia Space, qui a pour objectif de démontrer la capacité opérationnelle d’un instrument miniaturisé de cette complexité et de ce niveau de performance sur une plateforme nanosatellite. Avec sa capacité IoT, il préfigure peut-être Argos For Next Generation.

    L'idée d'Argos for Next Generations est « notamment d'améliorer le temps de revisite que l'on a avec Argos, d'une heure en moyenne ». Aujourd'hui, le nombre de passages quotidiens au-dessus d'une balise Argos dépend de la latitudelatitude de celle-ci. Ainsi, aux pôles, « les satellites voient les plateformes à chaque passage, soit 14 fois par jour par satellite », avec une duréedurée de visibilité d'une « dizaine de minutes en moyenne ». Pour répondre aux besoins de l'IoT, ces temps de revisite sont « parfois trop longs pour le business modele de l'Internet des objets ». S'ils satisfont les besoins des services Argos historiques, « comme le suivi des animaux et la surveillance de l'environnement », demain, il sera nécessaire « d'améliorer ce temps de revisite d'un facteur deux, voire trois, sans nécessairement aller vers du temps réel ». 

    Pour y parvenir, plusieurs options de constellations sont à l'étude, dont une appelée « CLS Révolution » qui « fournirait un service avec un temps de revisite inférieur à 10 minutes à l'échelle de la planète ». Autre option technologique pour y parvenir : « Relayer vers un satellite géostationnairesatellite géostationnaire des données qui permettraient de fournir un service proche du temps réel ».