« Ce n'est que partie remise » explique l'aventurier après sa tentative avortée. En septembre prochain, le dirigeable devrait reprendre l'air. La belle aventure du vol musculaire se poursuivra...

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    Stéphane Rousson à bord de son dirigeable. © Laurence Latour

    Stéphane Rousson à bord de son dirigeable. © Laurence Latour

    Le 10 juin, Stéphane Rousson était dans le Kent, sur la plage de Dungeness, prêt à partir pour un vol vers l'est, en direction du cap Gris-NezNez, de l'autre côté de la Manche. Son dirigeable l'attendait. Sous ce grand ballon de seize mètres de longueur empli de 160 mètres cubes d'hélium pendait... un vélo, du moins une selle et un pédalier. A la force du mollet, l'engin actionne deux hélices mobilesmobiles, qui tirent vers l'avant, vers le haut ou vers le bas.

    Cette propulsion musculaire aurait fait de ce vol de 55 kilomètres une première mondiale et une nouvelle étape dans l'histoire de l'aéronautique sans moteur. En 1979, Brian Allen avait, le premier, traversé la Manche sur un engin à pédales, à peu près sur la route prévue par Stéphane Rousson. Mais il s'agissait d'un avion, qui avait reçu comme nom de baptême Gossamer Albatross. Malgré son immense envergure (près de trente mètres), il pesait moins de 32 kilogrammes... Le pilote accusait le double sur la balance. Sportif entraîné, menu, pilote de deltaplane et cycliste, il était le bon choix pour la tentative.

    Stéphane Rousson s'est lui aussi entraîné. Cet aventurier des airsairs multiplie les projets depuis plusieurs années. Avec Peggy Bouchet, qui a traversé l'Atlantique à la rame en 2000, il a même été question de franchir cet océan avec un ballon mû par les seules forces de la nature (ventvent, courant et SoleilSoleil). Lancé en 2003, le projet Zeppy d'un dirigeable à propulsion musculaire s'est lentement construit et Stéphane Rousson a pu effectuer un premier vol au-dessus de la mer à Fréjus, en 2006.

    Un nœud de trop

    Ce 10 juin, le dirigeable était parfaitement au point. Les derniers essais ont été menés à Ecausseville, à côté de Montebourg, dans le Cotentin. L'engin a trouvé là un magnifique abri dans un immense hangar, justement bâti en 1917 pour accueillir les plus légers que l'air et restauré par une association de passionnés. Le chanteur Julos Beaucarne a eu la chance d'y pénétrer et même de voler sur l'appareil, à l'intérieur du hangar...

    Mais l'engin craint beaucoup le vent, de face parce qu'il le ralentit ou de côté car il le ferait dériver (à cause de la faible vitessevitesse, environ 10 km/h), mais aussi par les turbulencesturbulences, qui le déstabilisent. Les essais ont montré que le vent maximum pour un vol sûr est de seulement 4 nœudsnœuds (un peu plus de 7 km/h), soit, en langage de marin, une très légère brise. Au moment de la tentative, l'anémomètreanémomètre indiquait hélas 5 nœuds. Un bon aventurier sait prendre des risques mais il les calcule et ne les abandonne jamais au hasard. Cinq nœuds, c'était un de trop...

    Sur son site (actuellement difficile d'accès), Stéphane Rousson affirme que la partie « n'est que remise » et qu'une prochaine tentative aura lieu en septembre 2008. Bonne chance...