Le lancement raté d'un satellite iranien d'observation de la Terre accentue un peu plus les relations déjà très tendues entre les États-Unis et l'Iran. La diplomatie américaine reproche à la République islamique du golfe Persique de développer des missiles balistiques sous le couvert d'activités spatiales liées à l'accès à l'espace. Nos explications.


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    Le satellite iranien Payam, lancé mardi et dont les États-Unis avaient ouvertement critiqué le lancement, n'a pas réussi à atteindre son orbite. Bien que son lancement, par un lanceur Basir, ait réussi, Payam n'est pas parvenu à se placer sur l'orbite prévue, à environ 600 kilomètres de la Terre. Une information confirmée par Mohammad Javad Azari Jahromi, le ministre des Télécommunications. Pour expliquer cet échec, le ministre iranien évoque une vitesse du satellite insuffisante pour atteindre la position orbitale visée. On peut donc supposer qu'un problème technique soit survenu au moment de la séparationséparation du satellite avec le dernier étage du lanceur ou plus vraisemblablement une perte de puissance du moteur de cet étage.

    Payam est présenté par les Iraniens comme un satellite d'observation de la Terreobservation de la Terre, dédié à la surveillance environnementale de l'Iran et à l'agriculture. Bien que ce satellite aurait été utilisé aussi à des fins militaires, les États-Unis n'en ont pas après lui. Ce que reproche l'oncle Sam, ce sont les activités spatiales iraniennes d'accès à l'espace qui violent une des résolutionsrésolutions de l'ONU. Comme le souligne, Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, « de telles actions [le lancement] démontreraient une fois de plus que l'Iran défie la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui appelle le régime iranien à ne mener aucune activité liée à des missiles balistiquesmissiles balistiques capables de transporter des armes nucléaires ». Ce lancement survient après l'essai d'un missile balistique iranien à moyenne portée effectué le 1er décembre 2018 et condamné par l'ONU.

    Des technologies communes aux missiles et aux lanceurs

    Les Américains n'ont pas tout à fait tort. En effet, il faut savoir que la technologie d'un lanceur est très proche de celle d'un missile balistique. Et un lanceur peut aussi bien emporter un satellite qu'une charge militaire. Ainsi, les premiers lanceurs soviétiques et américains étaient pour la plupart des missiles reconvertis, dont certains sont toujours en service.

    Cette résolution 2231 à laquelle font référence les États-Unis n'est ni plus ni moins que le plan d'action mis en place par l'ONU à la suite de l'accord sur le programme nucléaire iranien signé en juillet 2015, à Vienne. Cet accord a été signé par les pays du P5+1 : Allemagne, Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie ainsi que l'Union européenne et bien évidemment l'Iran. Il vise à rendre quasiment impossible pour l'Iran la fabrication d'une bombe atomique, tout en assurant à Téhéran le droit de développer une filière nucléaire civile.

    Or, le 8 mai 2018, les États-Unis se sont retirés de cet accord notamment parce qu'ils cherchent à négocier avec l'Iran un traité qui couvrirait à la fois le programme nucléaire et le programme balistique de Téhéran. Les Américains sont persuadés que l'Iran continue de se doter de la technologie nécessaire à un programme nucléaire militaire et, sous le couvert d'un programme de lanceurs spatiaux, développe des missiles balistiques capables de transporter des ogives nucléaires et atteindre les États-Unis.