Les étudiants les plus dépendants à leur téléphone portable seraient plus anxieux et auraient de moins bons résultats scolaires que ceux capables de se déconnecter de la réalité virtuelle. Des résultats qui interrogent sur le bien-être que nous procurent réellement ces nouvelles technologies.

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    À l'heure où les opérateurs font la course afin de proposer des forfaits 4G4G à des tarifs plus avantageux, et donc faciliter encore l'accès à Internet depuis un mobilemobile, d'autres s'interrogent sur les avantages et les inconvénients des téléphones portables sur la santé. Si les premières études ne montrent aucun lien évident avec l'apparition de cancers (sauf peut-être pour les utilisateurs invétérés), qu'en est-il des aspects psychologiques ? Nos cellulaires ne prennent-ils pas une place trop importante dans notre quotidien ?

    Une étude précédente avait montré qu'ils pouvaient procurer des bénéfices, en permettant aux utilisateurs réguliers de maintenir des relations sociales et de se sentir moins seuls. Un bon point. Mais une étude menée par trois chercheurs de l'université d’État de Kent (Ohio, États-Unis) dirigés par Andrew Lepp aboutit à des conclusions différentes, du moins chez les étudiants.

    Les jeunes constituant la frange de la population la plus connectée, les scientifiques se sont demandé si ceux-ci ne se laissaient pas trop envahir par leur téléphone portable et quelles étaient les éventuelles répercussions sur leur bien-être psychique... et leur réussite scolaire. Les résultats parus dans Computers in Human Behavior révèlent que les plus grands utilisateurs obtiennent de moins bonnes notes et sont plus anxieux, ce qui affecte inéluctablement leur niveau de bonheur.

    Le mauvais mobile des étudiants

    En tout, 496 étudiants entre 18 et 22 ans et inscrits dans l'une des quatre premières années universitaires ont joué le jeu et précisé la fréquence d'utilisation de leur téléphone portable. En parallèle, ils devaient également répondre à un questionnaire permettant d'évaluer leur anxiété grâce à l'échelle de Beck (test communément utilisé), et leur niveau de satisfaction dans leur propre vie était estimé. Tous ont accepté que les auteurs aillent fouiller dans leur dossier scolaire pour accéder à leurs notes.

    Les smartphones sont désormais connectés en permanence aux réseaux sociaux ou à d'autres applications qui invitent régulièrement le propriétaire du téléphone à venir les consulter... © John Karakatsanis, Wikipédia, cc by sa 2.0

    Les smartphones sont désormais connectés en permanence aux réseaux sociaux ou à d'autres applications qui invitent régulièrement le propriétaire du téléphone à venir les consulter... © John Karakatsanis, Wikipédia, cc by sa 2.0

    Globalement, les chercheurs ont noté que l'utilisation du téléphone portable était corrélée négativement aux résultats universitaires, mais positivement à l'anxiété. En d'autres termes, les plus accros à leur mobile sont aussi les plus anxieux, et obtiennent de moins bonnes notes que les étudiants qui savent décrocher de leur téléphone. Deux paramètres qui affectent le niveau de bonheur.

    L'un des participants a par exemple précisé que les réseaux sociauxréseaux sociaux devenaient pour lui comme une deuxième vie, et qu'il devait la mener de front avec son existence réelle. Une telle implication génère une anxiété parce qu'elle procure le sentiment de devoir rester connecté. Un autre étudiant précise quant à lui que la possibilité d'être contacté à tout moment engendre également un stress.

    Quelle place pour le téléphone portable ?

    Cette recherche pose donc la question de la place à accorder aux téléphones portables dans nos vies, du fait de leurs effets sur la santé psychique et la réussite scolaire. Certains des étudiants n'ont même plus de temps à consacrer à eux-mêmes et à leurs réflexions, parce qu'ils passent l'essentiel de leur temps à écrire des textos ou à échanger sur les réseaux sociaux.

    Deux de ces auteurs ont publié plus tôt une autre étude qui ne va pas dans l'intérêt de l'utilisation des mobiles. Ils avaient conclu que les plus accros avaient également une santé cardiorespiratoire inférieure. À trop pianoter ou discuter, on en oublie de pratiquer un sport. Une autre activité qui, pourtant, améliore le bien-être.