Voyager jusqu'à Mars ne sera probablement pas de tout repos. La santé des astronautes sera mise à rude épreuve, et leur microbiote aussi. Selon une étude récente, la flore intestinale des participants à l'expérience Mars500 a subi quelques désagréments. 


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    Voyager dans l'espace n'est pas une promenade de santé, d'autant plus que les séjours s'allongent. Lors d'une mission habitée vers Mars, les astronautesastronautes devront rester confinés pendant deux à trois ans. Durant cette période de vol, aucun ravitaillement en eau, en airair, en nourriture ou encore en matériel médical ne sera possible. C'est pour anticiper les effets de telles conditions sur le corps humain, que six astronautes se sont isolés pendant 520 jours entre 2010 et 2011. L'expérience Mars500 avait pour but de recréer les conditions d'un aller-retour vers la Planète rouge dans une installation qui reprend la configuration d'un véhicule spatial. À l'issue de l'expérience, ils avaient un bon état de santé général, mais le confinement a tout de même modifié leur physiologie. Notamment leur microbiote.

    Une équipe canadienne a récemment réanalysé les échantillons de selles des six astronautes, prélevés au début de l'expérience et à la fin. C'est ainsi que les modifications de leur flore intestinale ont été mises en évidence, la proportion de certaines bactéries bénéfiques a drastiquement diminué, quand d'autres sont devenues plus abondantes.

    L'abondance des espèces bactériennes au début et à la fin de l'expérience Mars500. © N.J.B. Brereton et <em>al. Computational and Structural Biotechnology Journal </em>
    L'abondance des espèces bactériennes au début et à la fin de l'expérience Mars500. © N.J.B. Brereton et al. Computational and Structural Biotechnology Journal

    Le microbiote altéré par un confinement de longue durée

    Parmi les échantillons, les scientifiques ont identifié 408 génomes bactériens, dont 213 sont partagés entre les six astronautes. Ils ont donc concentré leurs recherches sur ces derniers. À la fin de Mars500, 16 espècesespèces bactériennes ont proliféré dans l'intestin des astronautes. Malheureusement les espèces identifiées ne sont que très peu décrites et leur rôle dans le microbiote est inconnu. Ils n'ont pu identifier que Streptococcus thermophilus, une bactérie utilisée dans les processus de fermentation du lait. À cela s'ajoutent 15 espèces dont l'abondance a diminué à la fin de l'expérience. Cette fois-ci, elles sont plus caractérisées et les scientifiques ont pu identifier des espèces associées à la dégradation des amidons résistants, au métabolismemétabolisme de l'insulineinsuline et à des propriétés anti-inflammatoiresanti-inflammatoires. Le bilan de santé des astronautes a montré qu'ils souffraient d'une inflammationinflammation intestinale et d'une résistance à l'insulinerésistance à l'insuline absente au début de l'expérience.

    Cette étude fournit les premières preuves qu'un confinement prolongé altère le microbiote des humains, un aspect à ne pas négliger durant nos futurs voyages spatiaux au long courslong cours.