Dans le monde de la médecine oncologique, une évolution majeure est en cours : le passage d'une classification des cancers basée sur l'organe touché à une approche plus précise axée sur les caractéristiques moléculaires des tumeurs. Cette transition vers la médecine de précision promet d'améliorer significativement les traitements disponibles pour les patients. 


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    Les cancers sont généralement classés selon l'organe où ils apparaissent. Cependant, cette méthode est devenue moins pertinente car beaucoup de cancers partagent des caractéristiques moléculaires communes. Les traitements actuels se concentrent sur la biologie du cancer plutôt que sur son emplacement. Cette approche peut limiter le développement de nouveaux médicaments. Des traitements potentiellement efficaces pourraient être méconnus du simple fait qu'ils n'ont pas été testés sur tel organe. Par exemple, des personnes souffrant de certains cancers exprimant la moléculemolécule PD-L1 ont dû attendre des années avant d'avoir accès à des traitements efficaces comme le nivolumab, à cause de ces restrictions. Ces considérations sont discutées dans un article de la revue Nature

    Vers une médecine de précision

    Depuis vingt ans, la médecine de précision a permis d'identifier des marqueurs moléculaires communs à plusieurs types de cancers. Cette découverte suggère qu'un traitement ciblant un marqueur spécifique pourrait être efficace contre différents cancers partageant ce marqueur. Néanmoins, dans plusieurs pays, y compris en France, les traitements ne sont pas remboursés s'ils n'ont pas été testés pour le cancer spécifique de l'organe concerné. Aux États-Unis, l'opalarib, un traitement efficace pour le cancer de l'ovaire avec certaines mutations, n'a été approuvé pour d'autres cancers partageant ces mutations que plusieurs années plus tard. Ce retard a potentiellement empêché de nombreux patients de bénéficier de ce traitement.

    Changements nécessaires et nouveaux défis

    La classification actuelle des cancers pose un défi pour les médecins, qui doivent assimiler une grande quantité d'informations. Modifier la classification pour se concentrer sur les caractéristiques moléculaires simplifierait leur travail. Changer l'approche actuelle pour se concentrer sur les marqueurs moléculaires plutôt que sur l'organe pourrait améliorer la compréhension des traitements chez les patients et augmenter leur adhésion. Cependant, aligner les autorités de santé et les sociétés savantes sur ces nouveaux critères reste un défi. Des efforts sont en cours en ce sens. Ce qui nécessitera une adaptation des systèmes de soins, notamment en matièrematière d'accès aux tests moléculaires.