« Mais où ai-je bien pu mettre ces satanées clés ? » La question revient souvent. Mais ce serait encore pire si l'être humain ne disposait pas d'une structure dans son cerveau appelée gyrus denté...
Dans la vie quotidienne, l'environnement change peu du jour au lendemain, sauf exception. On habite au même endroit, les meubles ne se promènent pas d'une pièce à l'autre, on emprunte plus ou moins la même route pour se rendre sur son lieu de travail, et on se gare sur le même parking. Pourtant, si tout nous paraît si semblable, il y a malgré tout de petites différences : la place que l'on occupait hier est désormais prise par une voiture rouge, et le stylo noir du bureau n'est plus dans son pot, signe que quelqu'un l'a emprunté.
Cela peut sembler insignifiant mais notre cerveau, lui, doit apprendre à distinguer ces changements subtils et à les garder en mémoire. C'est aussi grâce à ses efforts que l'on se souvient de là où on a posé les clés de la voiture quand on est rentré, ou sous quel coussin on a laissé traîner le téléphone portable. Mais où réside cette capacité et comment notre cerveau l'exploite-t-il ?
Les neurobiologistes ne parvenaient pas à s'accorder. Des modèles théoriques situaient cette région cérébrale dans l'hippocampe, au beau milieu de l'encéphale, ou plus précisément dans une petite zone nommée gyrus denté. Dans un environnement légèrement différent, cette structure n'activerait pas les mêmes populations de neurones. Cependant, les expérimentations biologiques sur l'animal n'ont pas pu le démontrer. Cherchez l'erreur.
Le gyrus denté, détecteur des moindres détails
Des scientifiques du Salk Institute for Biological Studies ont voulu participer au débat en testant le concept chez la souris. Au terme d'une expérience très complexe publiée dans eLife, ils sont finalement parvenus à réconcilier la théorie et la pratique.
Lorsque les rongeurs étaient placés dans un environnement qu'ils avaient connu, un certain groupe de cellules nerveuses du gyrus denté s'excitait. Dès lors qu'on modifiait un détail, alors, de nouveaux neurones de cette zone s'activaient, marquant la perception de la différence. En revanche, dans une autre région de l'hippocampe, appelée CA1, les changements n'étaient absolument pas repérés, les mêmes neurones étant systématiquement impliqués.
Appliquée à l'échelle humaine, cette expérience suggère donc qu'une toute petite zone du cerveau nous évite bien des misères. Du moins si l'on sait exploiter le message qu'elle nous envoie. Certains ne savent plus où ils ont garé leur voiture au centre commercial... Alors que deviendraient-ils s'ils n'avaient plus de gyrus denté ?
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