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    Le cerveau commande t-il ? © Gerald, Pixabay, DP

    Le cerveau commande t-il ? © Gerald, Pixabay, DP

    Les mécanismes intermédiaires sont ils identifiés ?

    Oui ! Ils sont au nombre de deux et dépendent de deux ensembles physiologiques : le système nerveux et le système hormonal. Il faut bien se rendre compte que lorsqu'on a froid, faim ou peur, ou lorsqu'on a un chagrin d'amour, notre organisme réagit différemment. Si, par exemple, je vous fais peur en criant : d'abord vous entendez mon cri et ensuite, votre organisme produit une hormonehormone, l'adrénalineadrénaline. Il paraît donc évident que dans ce cas, c'est le cerveaucerveau qui « commande » la réaction biochimique. Mais ceci n'est pas toujours vrai. Par exemple, ce n'est ni le goût, ni la lecture d'un menu qui va déclencher ou non le production de l'insulineinsuline, mais la nourriture elle-même. Ce qui nous prouve qu'il y a des hormones qui sont directement produites par l'organisme sans avoir recours au cerveau. Cependant c'est bel et bien le cerveau qui, le plus souvent fait la jonction avec l'extérieur.

    <br />Molécule d'adrénaline


    Molécule d'adrénaline

    Il régule entre autres, la production d'hormones telles que l'adrénaline, la cortisonecortisone ou la DHEA. Ces hormones sont responsables de la mise en marche des machineries cellulaires qui activent l'expression des gènesgènes.

    Tout le monde redoute particulièrement le vieillissement du cerveau. Où en sont les recherches à ce sujet ?

    Il y a énormément de travaux sur la question. C'est un sujet qui me tient particulièrement à cœur et je vais prendre un exemple pour mieux vous faire comprendre l'état des recherches actuelles en la matière : celui de la diminution de la mémoire associée à la prise de l'âge.

    Tout le monde en vieillissant a conscience de ce phénomène : on ne se souvient plus comment s'appelle un ami, une connaissance, on a du mal à se rappeler certains noms propres... Attention, on n'est pas ici dans le cadre d'un vieillissement pathologiquepathologique associé aux manifestations de la maladie d'Alzheimermaladie d'Alzheimer, par exemple, mais dans le cadre du vieillissement normal.

    A partir de 70 ans, 40% des êtres humains souffrent d'un défaut de la mémoire spatiale, au même titre que les animaux d'ailleurs, puisque 50% des animaux souffrent du même défaut en vieillissant. On a pu le mesurer sur certains animaux de laboratoire, comme les rats et les souris.

    La mémoire spatiale nous permet de nous placer dans notre environnement, de savoir par exemple, que derrière nous, il y a un murmur, une porteporte à franchir... En testant un rat dans un labyrinthe, on parvient à lui faire acquérir la mémoire des passages qu'il lui faut effectuer ou des obstacles qu'il lui faut franchir pour sortir du labyrinthe. On arrête l'expérience pendant un certain temps, puis on recommence l'expérience : certains animaux ont retenu la disposition du labyrinthe et retrouvent leur chemin aussi vite qu'à la fin de leur période d'apprentissage.

    D'autres au contraire ont tout perdu, et en général, ce sont les plus vieux, mais pas tous et pas de façon systématique. Chez les hommes aussi, on s'est livré aussi à des mesures de la mémoire spatiale, avec des systèmes cinématographiques, qui vous demandent d'apprendre un trajet dans une ville par exemple. On s'est rendu compte de la même manière de la perte de mémoire spatiale chez certaines personnes âgées.

    Hippocampe

    Hippocampe

    Parallèlement, on a pu établir une corrélation entre quantités de stéroïdesstéroïdes produites par l'hippocampe (une partie du cerveau) et permanence de la mémoire spatiale.La corrélation est excellente. Plus il y a de neuro stéroïdes produits par l'hippocampe, meilleure est la qualité et la conservation de la mémoire spatiale.

    L'expérience que j'ai menée avec mon équipe a consisté à rétablir le niveau de neuro stéroïdes dans l'hippocampe en y introduisant directement au moyen de sondes du sulfate de prégnénolone par exemple et ainsi de restaurer la mémoire spatiale. L'effet de cette injection ne dure que quelques heures, aussi un chirurgien australien a imaginé d'installer dans l'hippocampe une sorte de « sonde à demeure » qui permet de restituer la jeunesse de la mémoire.

    Tout le monde croit savoir que le cerveau ne comporte que des neuronesneurones qui une fois adultes n'ont qu'un destin, celui de continuer ou de mourir. Or, on s'est aperçu qu'en réalité, contrairement aux idées reçues, il est en partie récupérable tant sur le plan fonctionnel (par le rôle des neuro stéroïdes) que cellulaire. On a découvert que de nouvelles cellules nerveuses peuvent se développer et être régénérées à partir des « cellules souchescellules souches » du cerveau et fonctionner normalement, tout particulièrement encore au niveau de l'hippocampe. On peut donc parler d'une véritable réversibilité cellulaire. Le vieillissement n'est plus irréversible. Dans l'organe destiné à être altéré de façon quasi irrémédiable par le vieillissement, on trouve le moyen de procéder à une réversibilité fonctionnelle et cellulaire. C'est extraordinaire !

    On s'est aussi rendu compte, par des expériences chez l'animal, que ces nouvelles cellules se développaient suivant l'environnement dont bénéficiait l'animal, le milieu dans lequel il évoluait, la quantité de nourriture qu'on lui donnait, les jeux qui le stimulaient, la compagnie de l'autre sexe ou non, etc. Toutes ces conditions influent donc différemment sur le développement de ces cellules nerveuses.

    Qu'est-ce qu'une hormone ?

    Le terme hormone vient d'un mot grec (wrmeiu) qui signifie « susciter l'activité». Les hormones sont secrétées par des glandesglandes, le terme glande étant utilisé pour nommer tous les organes qui produisent un composé mis ensuite en circulation. De nombreuses glandes écoulent leurs sécrétionssécrétions "externes" par des canaux, comme le canal salivaire pour les glandes salivairesglandes salivaires par exemple. D'autres glandes à sécrétion "interne" n'ont pas de canaux à leur disposition et écoulent directement leurs sécrétions dans le sang. Ce sont les glandes « endocrinesendocrines » qui produisent les hormones. Les hormones participent à la régulation des fonctions du corps des êtres humains : on peut citer les hormones thyroïdiennes, qui stimulent l'activité des cellules et contrôle notre métabolismemétabolisme de base, les hormones du pancréaspancréas comme l'insuline et le glucagonglucagon, l'adrénaline produite par les surrénales ainsi que les hormones stéroïdes. L'hypophysehypophyse, petite glande suspendue en dessous du cerveau, joue le rôle de coordinateur de la production de ces différentes hormones en adressant elle-même des hormones aux glandes "périphériques" comme les surrénales, les glandes génitales, la thyroïdethyroïde etc.

    - Le rôle des hormones.

    1.- elles agissent sur la morphologiemorphologie et la constitution physicochimique des cellules dont elles contrôlent la croissance.
    2.- elles régulent l'utilisation par l'organisme des glucidesglucides, des lipideslipides, des protéinesprotéines, de l'eau...
    3.- elles agissent au niveau de "cellules-cible", celles-ci recevant leur message au niveau de "récepteurs". Ceux-ci sont des protéines spécialisées qui reconnaissent le message moléculaire hormonal et le mettent à exécution dans la cellule-cible..

    - Les stéroïdes :

    Ce sont des composés, dérivés du cholestérolcholestérol, produits par les glandes surrénalesglandes surrénales et sexuelles essentiellement.
    Les principales hormones stéroïdes sont :

    - Le cortisolcortisol (cortisone naturelle régulatrice du stressstress).
    - L'aldostéronealdostérone qui a pour fonction de retenir le sodium,
    - Le sulfate de déhydroépiandrostéronedéhydroépiandrostérone ou S-DHEA dont la concentration sanguine est de loin la plus importante parmi ces hormones.
    - Les hormones sexuelles : la testostéronetestostérone (masculine) et les oestrogènesoestrogènes et la progestéroneprogestérone (pour le fonctionnement reproductif chez la femme).

    Comment évoluent les hormones au cours du processus de vieillissement ?

    Certaines hormones jouent un rôle très important dans le vieillissement. On peut citer l'insuline qui diminue avec l'âge. C'est pourquoi presque toutes les personnes âgées ont un diabètediabète plus ou moins important en vieillissant. On a remarqué aussi qu'il y a une baisse de l'hormone de croissance. Quant aux hormones sexuelles, chez la femme c'est l'arrêt à la ménopauseménopause et chez l'homme une baisse plus progressive. Pour ce qui est des hormones surrénales (chez les femmes comme chez les hommes) on s'aperçoit qu'avec l'âge le cortisol reste relativement stable alors que la DHEA diminue.