La génétique n’explique pas tout, et il est évident que d’autres facteurs favorisent le développement du cancer colorectal. Lesquels ? Une étude sur la souris suggère que certaines bactéries de la flore intestinale pourraient avoir une partie des torts.

au sommaire


    La flore intestinale, composée de nombreuses espèces de bactéries, comme Escherichia coli, intervient à de très nombreux niveaux dans l’organisme. Souvent considérée comme un organe à part entière, qui facilite la digestion mais participe aussi au contrôle de nos émotions, de notre cerveau et peut-être même à l’autisme, la flore intestinale possède quelques contreparties, comme le fait qu’elle facilite le développement de cancers colorectaux. © Mattosaurus, Wikipédia, DP

    La flore intestinale, composée de nombreuses espèces de bactéries, comme Escherichia coli, intervient à de très nombreux niveaux dans l’organisme. Souvent considérée comme un organe à part entière, qui facilite la digestion mais participe aussi au contrôle de nos émotions, de notre cerveau et peut-être même à l’autisme, la flore intestinale possède quelques contreparties, comme le fait qu’elle facilite le développement de cancers colorectaux. © Mattosaurus, Wikipédia, DP

    Durant longtemps, on a résumé le cancer à des mutations génétiques néfastes qui favorisaient la multiplication anarchique des cellules. Certes, celles-ci demeurent indispensables pour emballer la machinerie cellulaire. Mais de la même façon que notre génome ne façonne pas tout de notre apparence et de notre personnalité, l'environnement exerce également un pouvoir sur les événements.

    On en a une nouvelle fois la preuve avec le cancer colorectal. Il démarre toujours de grosseurs (les polypes), d'abord bénignes et qui peuvent devenir cancéreuses. Cependant, dans certains cancers, leur localisation n'est pas vraiment le fruit du hasard, alors que les mutations, elles, frappent indifféremment. Il existe même un modèle de souris génétiquement modifiées pour développer des polypes. Mais au lieu de se retrouver tout le long de la paroi du gros intestingros intestin, elles sont localisées uniquement au niveau du cæcumcæcum, au début du côlon, juste après l'intestin grêle. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas que la génétique qui intervient !

    On sait que le développement des polypes est associé à une plus grande perméabilité de la paroi intestinale, à la production de moléculesmolécules antimicrobiennes ou à l'augmentation de l'expression de différents facteurs inflammatoires. Alors, les suspicions des chercheurs de l'université de New York dirigés par Sergio Lira se sont portées sur les bactéries qui colonisent l'intestin. Sont-elles des coupables en puissance ? L'étude publiée dans The Journal of Experimental Medicine semble en apporter des preuves assez convaincantes.

    Le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent en termes d’incidence et de mortalité en France en 2012. Cette année-là, il a fait 17.722 victimes à l’échelle de l’Hexagone. © Annie Cavanagh, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0

    Le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent en termes d’incidence et de mortalité en France en 2012. Cette année-là, il a fait 17.722 victimes à l’échelle de l’Hexagone. © Annie Cavanagh, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0

    Des bactéries qui dépendent du mode de vie

    Les souris génétiquement modifiées ont été traitées avec des antibiotiques ou par une technique dite de redérivation par transfert d'embryons, les deux voies aboutissant à la destruction du microbiotemicrobiote du côlon. Une fois dépourvus de flore intestinale, et malgré les mutations génétiques, les rongeursrongeurs ne développent ni polypes ni cancers.

    Les auteurs imaginent que les bactériesbactéries profitent de la perméabilité de la paroi épithéliale pour pénétrer des zones qui leur sont normalement inaccessibles, engendrant une réaction inflammatoire de la part du corps humain, ce qui facilite par la même occasion la formation de polypes à l'origine des cancers. Reste donc à déterminer quelles espècesespèces sont impliquées afin de proposer un traitement préventif qui vise à diminuer les populations des bactéries concernées.

    Si ce travail explique l'impact de facteurs non génétiques dans le développement des cancers, il soulève d'autres questions, notamment celui de l'impact du mode de vie sur la maladie. On sait que le manque d'activité physiquephysique et une alimentation mal équilibrée favorisent le développement de certaines populations bactériennes au détriment des autres. Et ce sont celles-ci qui pourraient se montrer néfastes. Des raisons supplémentaires de faire attention à ce que l'on mange...