En greffant des cellules humaines chez des souris, des équipes françaises ont pu, pour la toute première fois, étudier in vivo deux agents du paludisme, les parasites Plasmodium falciparum et P. ovale. De quoi, enfin, mieux comprendre leur cycle biologique.

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    Transmis par des moustiques, le paludisme, causé par un parasite unicellulaire du genre Plasmodium, provoque entre 467.000 et 755.000 morts par an (chiffres de l'OMS pour 2013). Il n'existe pas de traitement ni de vaccin disponible guérissant la maladie. La biologie du parasite est imparfaitement connue et un nouveau moyen pour mieux la comprendre est donc le bienvenu.
© Centers for Disease Control and Prevention, Wikipédia, DP

    Transmis par des moustiques, le paludisme, causé par un parasite unicellulaire du genre Plasmodium, provoque entre 467.000 et 755.000 morts par an (chiffres de l'OMS pour 2013). Il n'existe pas de traitement ni de vaccin disponible guérissant la maladie. La biologie du parasite est imparfaitement connue et un nouveau moyen pour mieux la comprendre est donc le bienvenu. © Centers for Disease Control and Prevention, Wikipédia, DP

    Le paludisme, maladie parasitaire infectieuse causée par le protozoaire Plasmodium, reste encore un problème majeur de santé publique et aucun vaccin efficace n'est disponible à ce jour (le premier du genre, Mosquirix, est actuellement en cours d'évaluation). Plasmodium falciparum est responsable de la majorité des décès alors que P. vivax et P. ovale, bien que moins virulents, contribuent largement à la morbidité du paludisme. En effet, ces deux espècesespèces sont capables de rester en dormance dans le foiefoie durant des mois, voire des années, et leur réveil, dont les causes sont encore inconnues, occasionne des rechutesrechutes.

    L'étude de la biologie de ces parasites a été limitée en raison de leur spécificité pour leur hôte humain, restreignant les études à des cultures de cellules humaines infectées, qui ne reproduisent que partiellement la biologie de la cellule et du parasiteparasite, ou bien à des études très restreintes in vivoin vivo chez certains singes. La connaissance de la biologie de ces parasites, en particulier des formes dormantes, reste donc encore parcellaire.

    Installé dans une cellule de foie d'origine humaine, un <em>Plasmodium ovale</em> vu au microscope est ici sous la forme d'un schizonte en phase de reproduction asexuée. Il est mis en évidence grâce à deux méthodes de coloration, HSP70 et DAPI, et avec les deux combinées (<em>Merge</em>). Barre d'échelle : 20 microns. © Valérie Soulard <em>et al.</em>, <em>Nature Communications</em>

    Installé dans une cellule de foie d'origine humaine, un Plasmodium ovale vu au microscope est ici sous la forme d'un schizonte en phase de reproduction asexuée. Il est mis en évidence grâce à deux méthodes de coloration, HSP70 et DAPI, et avec les deux combinées (Merge). Barre d'échelle : 20 microns. © Valérie Soulard et al., Nature Communications

    Un modèle du paludisme pour de futurs essais précliniques

    Dans cette étude, publiée dans Nature Communications, les auteurs ont greffé des cellules de foie humain ainsi que des globules rougesglobules rouges humains chez des souris TK-NOG. Ces souris dites « humanisées » ont ensuite été infectées avec le parasite Plasmodium falciparum. Les chercheurs ont alors réussi à reproduire le cycle complet de vie du parasite chez ces animaux avec des caractéristiques très proches de celles décrites in vivo chez l'Homme. En parallèle, et en collaboration avec le Centre national de référence du paludisme (CNR) et plusieurs hôpitaux franciliens, les auteurs ont produit des parasites P. ovale.

    Ils ont aussi obtenu le développement de formes parasitaires dans le foie des souris greffées, les premières observées in vivo dans des cellules humaines depuis les années 1950. Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives pour améliorer la connaissance de la biologie de ces espèces infectant l'Homme, en particulier sur l'étude de leurs formes dormantes dans le foie. Ce modèle permettra également de réaliser des essais précliniques pour de nouveaux moyens de lutte contre le paludisme, ou malaria, qu'ils soient médicamenteux ou vaccinaux.