Par Agnès Roux, Futura
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Des chercheurs uruguayens viennent d'annoncer la naissance de moutons fluorescents avec l'aide de méduses. Ce résultat met en lumière les progrès de la transgénèse et pourrait ouvrir la voie vers la production d'animaux OGM ayant un intérêt médical ou industriel.
Les plantes ne sont pas les premières à avoir été modifiées génétiquement. Dans ce domaine, les bactéries sont les pionnières. En 1971, le chercheur américain Paul Berg introduisait un fragment d'ADN dans la bactérie Escherichia coli. Le premier OGM était né ! Depuis cette date, les progrès dans ce domaine ont été considérables et en 1980, une souris transgénique a vu le jour. Cette dernière sécrétait une grande quantité d'hormones de croissance et était aussi grosse qu'un petit rat.
Pourtant, contrairement aux plantes transgéniques qui font souvent la une des journaux, on entend peu parler de leurs homologues animaux. La naissance de moutons OGM fluorescents devrait changer la donne et faire couler beaucoup d'encre cette semaine. Des chercheurs de l'institut de reproduction animale d'Uruguay (IRAUy) et de l'institut Pasteur de Montevideo viennent d'annoncer l'accomplissement de cet exploit technologique. L'occasion pour Futura-Sciences de revenir sur les progrès réalisés dans la recherche sur la transgénèse animale.
Nés en octobre 2012 à l'IRAUy, les moutons fluorescents se développent normalement. Ils ont la particularité surprenante de briller lorsqu'on les place sous une lampe UV. Comme on peut s'en douter, le processus pour en arriver là n'a pas été simple, et il a fallu franchir de nombreux obstacles techniques. Car si la modification génétique d'une bactérie est relativement aisée, la production d'un animal OGM est beaucoup plus complexe. En résumé, la procédure consiste à injecter des molécules d'ADN étrangères contenant les caractères souhaités dans la cellule-œuf, c'est-à-dire au premier stade embryonnaire, juste après la fécondation.
À quoi peut bien servir un mouton fluorescent ? Car si cette expérience peut être perçue comme une lubie scientifique, elle n'a pas été accomplie pour rien. Les moutons fluorescents représentent en quelque sorte un test préliminaire permettant de vérifier l'efficacité de la méthode. Dans le futur, les chercheurs uruguayens voudraient l'utiliser pour introduire d'autres gènes, utiles cette fois.
Beaucoup d'animaux transgéniques existent dans les laboratoires de recherche. Voici un récapitulatif rapide et non exhaustif de diverses applications possibles.
Mais revenons à nos moutons... fluorescents. Bien sûr, ce n'est pas une première, et de nombreux animaux OGM existent déjà de par le monde. Cependant, « la transgénèse sur cette espèce n'était pas disponible en Amérique latine, et cette réussite positionne l'Uruguay au plus haut niveau scientifique mondial », se sont félicités l'IRAUy et l'institut Pasteur dans un communiqué de l'AFP.
Même si certaines applications des animaux OGM paraissent prometteuses, de nombreuses études restent à mener afin de s'assurer qu'ils ne présentent pas de risque pour notre santé ou l'environnement.