L'octocrylène est un filtre UV chimique présent dans les crèmes solaires et dans d'autres cosmétiques ayant un SPF (facteur de protection solaire). Mais depuis plusieurs années, cette molécule est soupçonnée de présenter un risque pour l'environnement et la santé humaine. L'Anses a redonné l'alerte il y a quelques jours.


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    Le 7 juillet 2023, France Info révélait que l'Anses a demandé l'interdiction de l'octocrylène, un filtre UVUV chimique présent dans certaines crèmes solaires et autres cosmétiques, pour les risques sanitaires et environnementaux qu'il cause. Les inquiétudes ne sont pas nouvelles puisqu'une étude franco-américaine publiée dans Chemical Research in Toxicology, en 2021, démontrait que l'octocrylène se dégradait avec le temps en une moléculemolécule génotoxique, cancérigène et perturbatrice du système endocrinien.

    Des inquiétudes dès 2021

    L'octocrylène est une molécule organique qui a la propriété d'absorber les UVA et les UVB ; il fait donc office de filtre UV dans certaines crèmes solaires pour adulte et enfant, mais aussi dans d'autres cosmétiques comme des crèmes anti-âge ou des baumes à lèvres. L'étude de 2021 a suivi la dégradation de l'octocrylène dans 17 références de crèmes solaires et de produits cosmétiques achetés en France et aux États-Unis. Les scientifiques soupçonnaient que le filtre solaire puisse être une source de benzophénone, une molécule connue pour être un perturbateur endocrinien et un poison pour les coraux.

    En effet, les scientifiques ont mis en évidence que les produits testés ayant de l'octocrylène dans leur composition étaient contaminés par le benzophénone. La présence de ce dernier a été mesurée avant et après un protocoleprotocole standard de six semaines validé par la FDAFDA visant à évaluer la dégradation des produits avec le temps. La teneur moyenne en benzophénone des 17 produits après les six semaines était de 75 mg/kgkg, contre 39 mg/kg au départ. Les cosmétiques ne contenant pas d'octocrylène dans leur formule n'étaient pas contaminés par le benzophénone à l'issue du protocole, ce qui suggère que ce dernier est bien le produit de dégradation de l'octocrylène. Selon l'étude, jusqu'à 70 % du benzophénone présent dans les produits peuvent être absorbés par la peau et potentiellement agir comme un perturbateur endocrinien ou provoquer des allergiesallergies.

    Les références françaises testées par les scientifiques. © C. A. Downs et al., <em>Chemical Research in Toxicology</em>
    Les références françaises testées par les scientifiques. © C. A. Downs et al., Chemical Research in Toxicology
    Les références américaines testées par les scientifiques. © C. A. Downs et al., <em>Chemical Research in Toxicology</em>
    Les références américaines testées par les scientifiques. © C. A. Downs et al., Chemical Research in Toxicology

    Une réglementation européenne plus stricte

    En juillet 2022, la Commission européenne a restreint la réglementation concernant la présence d'octocrylène et de benzophénone dans les cosmétiques. Elle estime que les crèmes mains et visage, et les rouges à lèvres ne représentent pas de danger pour la santé humaine si la concentration de benzophénone ne dépasse pas 6 % ; c'est 2,2 % pour les crèmes corporelles, les sprays et les aérosolsaérosols. Concernant l'octocrylène, sa concentration ne doit pas dépasser 9 %. 

    L'octocrylène et la benzophénone sont présents dans certains produits de grande surface ou de parapharmacie, notés « octocrylène » et « benzophénone-3 » dans la liste des ingrédients. Des références sans ces molécules controversées existent car les crèmes solaires, chimiques ou minérales, restent le meilleur moyen de se protéger contre les UVA et UVB ainsi que les problèmes de santé qu'ils engendrent : des coups de soleilcoups de soleil au cancer de la peaucancer de la peau.