L'impact de la musique sur notre bien-être est un sujet de recherche fascinant. Les résultats d’une récente étude menée par des chercheurs canadiens montrent que la musique peut être aussi efficace, voire plus efficace, que certains médicaments pour soulager la douleur.


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    Personne (ou presque) n'est insensible au pouvoir de la musique. Si les goûts varient, le quatrième art nous touche au plus profond de notre cœur... et de notre cerveau. Une étude canadienne affirme même que l'écoute musicale serait au moins aussi efficace qu'un médicament analgésique pour réduire l'intensité des douleurs physiquesphysiques.

    Pour arriver à cette conclusion, des chercheurs de l'université McGill de Montréal (Canada) ont sollicité 63 volontaires en bonne santé. Ils ont utilisé une sonde pour chauffer une partie de leur bras gauche, de manière à provoquer une sensation de brûlure semblable à celle d'une tasse de café chaude au contact de la peau. Les participants de l’étude, récemment parue dans la revue Frontiers in Pain Research, devaient, dans le même temps, écouter deux de leurs chansons préférées, un morceau relaxant, de la musique déstructurée et le bruit du silence. Et ce, pendant une duréedurée de sept minutes.

    La musique pourrait atténuer la perception de douleurs physiques. © nicoletaionescu, Getty Images
    La musique pourrait atténuer la perception de douleurs physiques. © nicoletaionescu, Getty Images

    La musique, un moyen d'atténuer la douleur

    À l'issue de cette expérience, les volontaires ont été invités à évaluer le caractère agréable de la musique, leur excitation émotionnelle et le nombre de frissons qu'ils avaient ressentis durant leur écoute. Ce protocoleprotocole a permis de montrer que la perception de l'intensité et le caractère désagréable de la douleur étaient significativement réduits quand les participants écoutaient l'une de leurs chansons favorites par rapport aux autres sons. En d'autres termes, ils semblaient moins sensibles à la douleur.

    Notre morceau de musique préféré réduit la douleur d'environ un point sur une échelle de 10

    Ces résultats laissent penser que la musique pourrait être un moyen non médicamenteux d'atténuer la perception de la douleur chez l'Homme. « Nous estimons que notre morceau de musique préféré réduit la douleur d'environ un point sur une échelle de 10, ce qui est au moins aussi fort qu'un analgésique en vente libre comme l'Advil [ibuprofène] dans les mêmes conditions », a expliqué Darius Valevicius, auteur principal de l'étude, au Guardian

    Selon ses confrères et lui, les réponses émotionnelles générées par la musique - ou frissons musicaux, en jargon scientifique - jouent un rôle important dans le fait de bloquer les signaux de douleur. « La différence d'effet sur l'intensité de la douleur implique deux mécanismes : les frissons peuvent avoir un effet physiologique d'inhibition sensorielle, bloquant les signaux de douleur ascendants, tandis que le caractère agréable peut affecter la valeur émotionnelle de la douleur sans affecter la sensation, donc davantage à un niveau cognitif-émotionnel impliquant les zones préfrontales du cerveaucerveau », a souligné M. Valevicius au quotidien britannique. Toutefois, cette théorie doit être étudiée dans le cadre de recherches ultérieures pour vérifier sa véracité.

    Les effets de différentes catégories de musique

    Dans un écosystèmeécosystème musical où des milliers de nouvelles chansons apparaissent, chaque jour, sur les plateformes de streaming, il y a fort à parier que la plupart des mélomanes n'ont pas les mêmes morceaux préférés. Après s'être entretenus avec les volontaires, les universitaires ont constaté que ceux qui écoutaient des mélodies douces-amères et émouvantes ressentaient moins la douleur que les autres. Surtout si ces derniers avaient une appétence pour les compositions apaisantes ou joyeuses. 

    Aussi prometteuses soient-elles, les conclusions de cet article sont à prendre avec précaution. En effet, les résultats obtenus comportent certaines limites, notamment en ce qui concerne la durée d'écoute des morceaux de musique et la petite taille du panel de volontaires. Mais ils ouvrent un nouveau champ d'exploration possible pour la musicothérapie.