Depuis le début de l'épidémie, les chercheurs ont pu établir que ce sont les personnes âgées qui contractent les formes sévères de la Covid-19. Mais est-ce que ces dernières ont aussi plus de risques d'être infectées par le virus ? Des épidémiologistes japonais apportent des éléments de réponse.


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    Les données collectées depuis le début de l'épidémie sont sans appel : les personnes âgées sont celles qui souffrent le plus de formes sévères de la Covid-19 et qui en meurent. Ce qui ne veut pas dire que les autres tranches d'âges soient épargnées par le coronaviruscoronavirus, bien au contraire. Les plus jeunes souffrent simplement de symptômessymptômes moins sévères ou d'une forme asymptomatique.

    Des épidémiologistes japonais se sont demandés si la susceptibilité à l'infection variait avec l'âge et si elle avait son rôle à jouer dans l'épidémie actuelle. Pour cela, ils ont crée un modèle mathématique dont les résultats sont publiés dans Scientific Reports.

     

    La distribution de la mortalité en fonction de l'âge en Italie, au Japon et en Espagne. La plus grande mortalité est observée chez les 70 ans et plus. Données collectées le 7 mai 2020 pour le Japon, le 12 mai pour l'Espagne et le 13 mai pour l'Italie.© Ryosuke Omori et al. <em>Scientific Reports</em>
    La distribution de la mortalité en fonction de l'âge en Italie, au Japon et en Espagne. La plus grande mortalité est observée chez les 70 ans et plus. Données collectées le 7 mai 2020 pour le Japon, le 12 mai pour l'Espagne et le 13 mai pour l'Italie.© Ryosuke Omori et al. Scientific Reports

    La susceptibilité à l'infection ne varie pas avec l'âge

    Les scientifiques ont tout d'abord utilisé un modèle pour comprendre si la susceptibilité à l'infection pouvait à elle seule expliquer la distribution de la mortalité observée dans trois pays, le Japon, l'Italie et l'Espagne. Ces trois pays ont été choisis car ils ont partagé publiquement leurs données épidémiologiques.

    Selon leur modèle, on peut expliquer la distribution de la mortalité seulement avec la susceptibilité, mais celle-ci est dépendante du R0, le taux de reproduction du virusvirus calculé à un moment T de l'épidémie. Or les R0 des trois pays pour la période considérée, le mois de mai dernier, sont bien différents. Le R0 est compris entre 2,4 et 3,3 pour l'Italie ; pour le Japon, il est de 1,7 et de 2,9 pour l'Espagne. Le taux de mortalité (nombre de décès pour 100.000 habitants) communiqué était aussi différent : 382,3 pour l'Italie ; 507,2 pour l'Espagne et 13,2 pour le Japon.

    Malgré ces différences, la distribution de la mortalité selon les tranches d'âge est comparable entre les trois pays. Les chercheurs en concluent que la susceptibilité à l'infection ne varie pas avec l'âge. Malgré tout, cela ne permet pas d'exclure totalement que les personnes âgées soient plus sensibles à l'infection mais si c'est le cas, cela ne semble pas influer de façon significative le nombre de patients touchés par la Covid-19.

    Si la susceptibilité ne semble pas varier avec l'âge, la sévérité de la maladie, l'apparition des symptômes et la mortalité sont, quant à elles, bien reliées à l'âge des malades. L’âge constitue alors l’un des facteurs de comorbidité les plus importants avec l’obésité et l'existence de maladies chroniques antérieures à l'infection.