Pour venir en aide des patients atteints de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), un trouble de la vision fréquent, des équipes allemande et états-unienne ont testé la thérapie cellulaire chez le lapin. Les résultats sont encourageants et pourraient aboutir à un traitement similaire chez l’Homme.

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    Les cellules souches offrent des potentialités thérapeutiques considérables. Capables de se multiplier indéfiniment et de se transformer en n'importe quels types de cellules, elles pourraient être utilisées en médecine régénérative pour remplacer les tissus endommagés et soigner certaines maladies comme AlzheimerAlzheimer ou ParkinsonParkinson. De plus en plus de progrès sont réalisés dans ce domaine. C'était le cas dernièrement quand des organes humains miniatures, notamment un foie et un cerveau, ont été recrées en laboratoire à partir de cellules souches.

    Les ophtalmologistes de par le monde s'intéressent aussi aux possibilités de ces cellules pour traiter les maladies oculairesoculaires. Leurs recherches avancent à grands pas. Dans une étude précédente par exemple, des scientifiques japonais ont fabriqué des cupules optiques, c'est-à-dire des yeux à l'état embryonnaire. Une équipe française a même été plus loin en injectant des cellules souches directement dans la rétine de deux patientes malvoyantes.

    La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) affecte grandement la vision. Le Centre national américain de l'œil propose la comparaison d'une même scène vue par une personne avec une vision normale (à gauche) et perçue par un patient atteint de DMLA (à droite). © <em>National Eye Institute</em>, DP

    La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) affecte grandement la vision. Le Centre national américain de l'œil propose la comparaison d'une même scène vue par une personne avec une vision normale (à gauche) et perçue par un patient atteint de DMLA (à droite). © National Eye Institute, DP

    Cette fois ci, c'est au tour de l'Allemagne et des Etats-Unis de se démarquer sur le sujet. Dans une étude publiée dans la revue Stem Cell Reports, des scientifiques de l'University of Bonn (Allemagne) et du Neural Stem Cell Institute à New York se sont intéressés à un trouble de la vision, la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLADMLA), provoqué par la dégradation progressive de la macula, la partie centrale de la rétine. Très fréquente après 65 ans, cette pathologie des yeux représente la première cause de malvoyance après 50 ans dans les pays développés. Malheureusement, Il n'existe pas encore de traitement miracle contre la DMLA et les patients qui en souffrent voient leur vue irrémédiablement s'affaiblir. Les expériences de thérapie cellulaire, réalisées chez le lapin, sont cependant très prometteuses et devraient rassurer les malades qui sont de plus en plus nombreux à être touchés.

    Des cellules bien implantées dans l’œil

    Pour ces travaux, les auteurs ont utilisé des lapins possédant des cellules de macula abîmées. Ils leur ont alors injecté dans l'œil des cellules souches humaines de macula. « C'est la première fois que de telles cellules sont utilisées in vivoin vivo », explique Boris Stanzel, le directeur de l'équipe. Les auteurs ont tout d'abord cultivé les cellules souches sur des petits disques de polyester afin de fabriquer une couche cellulaire fine puis ils ont injecté le transplant dans la rétine du lapin. Quatre jours après l'opération, ils ont vérifié l'implantation correcte des cellules souches dans l'oeil. « Les nouvelles cellules étaient toujours vivantes, racontent les chercheurs. Il y avait donc de fortes chances qu'elles se soient bien intégrées aux cellules présentes naturellement dans les yeux ». Ils avaient vu juste : après quatre semaines, le tissu implanté était toujours intact.

    Ces résultats montrent que les cellules souches oculaires de l'Homme ont le potentiel de remplacer des cellules détruites chez le lapin. « Cependant, les applicationsapplications cliniques ne sont pas pour demain et de nombreux travaux sont nécessaires pour parvenir à la thérapie cellulairethérapie cellulaire chez l'Homme », conclut Boris Stanzel.