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Afin d'échapper aux défenses immunitaires et de proliférer sans encombre, les pathogènes intracellulaires ont recours à diverses stratégies. Ils peuvent par exemple moduler l'expression des gènes d'une cellule hôte à leur profit. Une des façons d'y parvenir est d'initier des modifications d'ordre épigénétique, c'est-à-dire de modifier l'environnement des gènes, et non les gènes eux-mêmes. Une équipe de recherche du CNRS vient de mettre au jour un mécanisme inédit qui permet à l'agent de la légionellose de modifier l'expression des gènes des cellules hôtes afin de faciliter son propre développement. Ces recherches sont publiées dans la revue Cell Host & Microbe.
La bactérie Legionella pneumophila est l'agent responsable de la légionellose. Cette maladie entraîne une infection pulmonaire aiguë qui peut devenir mortelle en l'absence de traitement. La bactérie Legionella pneumophilaLegionella pneumophila peut sécréter un grand nombre de protéines à l'intérieur de la cellule qu'elle infecte. Les auteurs viennent de montrer que l'une de ces protéines, appelée RomA, pouvait modifier la structure et la conformation de l'ADN de la cellule hôte.
En conséquence, l'accès à l'ADNADN de la machinerie cellulaire se trouve très restreint, et l'expression de nombreux gènes est nettement diminuée. Au total, les scientifiques montrent que plus de 4.800 gènes de l'hôte sont touchés. Certains de ces gènes, comme ceux codant pour l'interleukineinterleukine 6 ou le récepteur TLR5, sont directement impliqués dans l'immunité innéeimmunité innée. Cette manipulation génétiquegénétique de l'hôte pourrait aider Legionella à échapper au système immunitaire et à persister dans l'organisme. Ces travaux apportent de précieuses informations sur la régulation de l'expression des gènes, ainsi qu'un éclairage important sur les tactiques employées par les bactéries pour manipuler les cellules hôtes.