Les antibiotiques sont indispensables pour traiter les infections courantes. Mais cette classe de médicaments n’est pas dénuée d’inconvénients. Outre la résistance aux antibiotiques, ils pourraient favoriser les infections fongiques à Candida.


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    Contre les infections liées à des bactéries, nous disposons de moléculesmolécules nommées les antibiotiques. Leur découverte a révolutionné la médecine ! Ces molécules ont été énormément utilisées ces dernières décennies. Il se trouve que de plus en plus de bactéries arrivent à contourner les modes d'action des antibiotiques et qu'il devient de plus en plus difficile de mettre au point de nouvelles classes d’antibiotiques. Outre la résistance aux antibiotiques, une utilisation abusive de cette famille de médicaments a d'autres conséquences. Les antibiotiques peuvent entraîner des dysfonctionnements dans le système immunitaire des patients, en particulier au niveau de l'intestin et favoriser les infections fongiques.

    Les antibiotiques favorisent les infections fongiques…

    Les résultats ont été publiés dans Cell Host and Microbe. Les auteurs se sont intéressés aux personnes hospitalisées et sous antibiotiques, atteintes d'une candidose invasive - une infection fongique particulièrement sévère. La candidose invasive est liée au passage dans le sang du champignonchampignon Candida.

    Des tests sur des animaux ont été menés. Il a été mis en évidence qu'une administration d'antibiotiques augmentait le risque de développer une infection fongique invasive à Candida. Mais quel est le mécanisme sous-jacent à cette observation ? Il semblerait que les antibiotiques modifieraient le fonctionnement du système immunitaire de l'intestin du patient, notamment en diminuant la production de cytokinescytokines (IL-17 et GM-CSF). Ainsi, les cellules de l'intestin se retrouveraient en incapacité de se défendre contre l'infection fongique, voire permettraient le passage de bactéries de l'intestin à la circulation sanguine. Une co-infection bactérienne et fongique se mettrait en place.

    Certaines infections très graves nécessitent la prescription d'antibiotiques, malgré le risque d'infection fongique secondaire. © patrikslezak, Adobe Stock
    Certaines infections très graves nécessitent la prescription d'antibiotiques, malgré le risque d'infection fongique secondaire. © patrikslezak, Adobe Stock

    …mais une parade est possible !

    Pour confirmer leur hypothèse, les auteurs ont administré aux animaux traités par antibiotiques les cytokines défectueuses, IL-17 et GM-CSF. Le système est réversibleréversible ! En cas de co-administration d'antibiotiques et de cytokines, le nombre d'infections fongiques était sensiblement diminué par rapport au groupe traité uniquement avec des antibiotiques. Même si des travaux complémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats, ils représentent une lueur d'espoir dans les situations où la prescription d'antibiotiques est inévitable chez des patients déjà très fragiles.

    Par ailleurs, les auteurs évoquent une autre observation, non encore publiée. L'utilisation d'antibiotiques augmenterait le risque de maladies inflammatoires de l'intestin comme la maladie de Crohn. Voilà donc deux nouveaux arguments en faveur d'une utilisation parcimonieuse des antibiotiques.