Mystérieux, ces regards animaux nous font regarder autrement la nature... quand c'est elle qui nous regarde. De l'araignée aux primates, les yeux n'expriment pas la même chose et il est souvent bien difficile de comprendre ce qui s'y cache.


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    Les yeux sont probablement apparus chez les animaux voici plus de 500 millions d'années, comme en témoigne la « faune de Burgess », où évoluaient des géants comme Anomalocaris. Il est vraisemblable que cette redoutable invention, qui repère la proie et le prédateur, a bouleversé les écosystèmes, aussi sûrement qu'un changement climatiquechangement climatique, un énervement volcanique planétaire ou la chute d'un gros astéroïdeastéroïde. Les yeux ne sont sans doute pas pour rien dans la disparition des paisibles filtreurs de plancton et brouteurs de bactériesbactéries de la « faune d'Ediacara », sans doute aveugles et lents, voire fixés.

    Les grands groupes d'animaux n'étaient pas encore tous sur leurs rails et, pour perfectionner ces capteurscapteurs de lumièrelumière, chacun a suivi sa voie. Les araignées ont séparé la détection des formes de celle des mouvementsmouvements. Les autres arthropodes ont misé sur les facettes, pour voir dans toutes les directions. La sophistication est allée loin. Aux yeux de la squille (ou crevette-mante), les nôtres doivent sembler primitifs. Les mollusques, eux, se sont amusés à la diversification, des tentacules de l'escargot (commodes pour regarder où l'on veut) aux multiples et superbes yeux de la coquille Saint-Jacques en passant par la très belle réalisation de l'œilœil des céphalopodes.

    Les deux mystères du regard animal

    Les vertébrésvertébrés ont préféré conserver deux yeux seulement, négligeant l'œil pinéal, ce troisième capteur mal situé sur le haut de la tête et qui ne sert plus, chez des reptilesreptiles et des amphibiensamphibiens, qu'à mesurer la luminositéluminosité ambiante. Beaucoup, surtout des proies, les ont sagement placés de part et d'autre de la tête, pour élargir au maximum le champ visuelchamp visuel. Difficile, alors, de cerner le regard d'un poisson ou d'une gazelle. Ce qui ne nous empêche pas de nous attendrir devant l'œil chaleureux de la vachevache.

    Les vertébrés prédateurs, eux, des dinosauresdinosaures aux oiseaux et aux mammifères, ont rapproché leurs deux yeux pour que le cerveaucerveau puisse construire une image en relief. L'aigle ou le hibou mesurent très bien la distance qui les sépare du mulot. Le félinfélin, qu'il soit chat, panthère ou tigretigre, reconstitue précisément le monde en trois dimensions. Ainsi est né le regard. Un nouveau-né ou un mammifèremammifère, instinctivement, nous regardent dans les yeux. En évitant l'écueil de l'anthropomorphisme, nous voilà confrontés à un double mystère : celui de la signification de ces regards animaux et celui de notre propre animalité.

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