Le magnifique corail rouge, un cnidaire à croissance très lente, vit dans des habitats rocheux ombragés en Méditerranée et Atlantique oriental, entre 5 et 700 mètres de profondeur. Depuis des millénaires, son squelette calcifié est utilisé pour des bijoux, des amulettes et comme médication.
Les premières traces de l'utilisation du corail par l'Homme, sous forme de restes dans des tombes, remonte au Néolithique. Depuis l'Antiquité, les Hommes ont été fascinés par cette couleur rouge sublime à laquelle ils attribuaient un pouvoir magique et le corail rouge a toujours servi d'amulette, de médicament et de matériau de bijouterie et de décoration de luxe.
Ces trois grands types d'utilisation n'ont pas été l'apanage des peuples vivant sur les bords de la Méditerranée, mais ont été au contraire pratiqués très loin de cette mer. Ainsi, dès sa fondation, Marseille a été un grand centre d'exportation de corail rouge vers le monde celte qui en était très friand pour orner les armes et casques.
Les routes commerciales ouvertes par Alexandre vers l'Orient ont été empruntées jusqu'à une époque récente par des cargaisons de corail méditerranéen qui servaient de monnaie d'échange pour les épices, la soie ou les perles, que les riches romaines préféraient au corail.
Le corail rouge au Tibet et en Mongolie
Tout au long de ces routes qui partaient d'Alexandrie et dans les régions les plus reculées, on trouve des bijoux utilisant le corail rouge. Les Indes en ont été un très gros importateur, aussi pour la pharmacologie. Il semble même que le prestige de cette denrée augmentait avec l'éloignement de son lieu de récolte.
C'est ainsi que le corail méditerranéen est devenu un élément vénéré au Tibet et en Mongolie, où il était un composant majeur des parures des princesses et des masques cérémoniels des chamanes (fig. 16).
Le corail rouge, les bijoux berbères et les parures des rois
En Afrique, le corail rouge est un ornement traditionnel des bijoux berbères de Kabylie et de l'Atlas marocain (fig. 16a) et il a été exporté bien plus au sud, en Afrique tropicale, où il était réservé à la parure des rois.
Joaillerie : la taille du corail rouge à Torre del Greco, près de Naples
L'exploitation des gisements les plus riches, comme ceux de Sardaigne, de Tunisie et d'Algérie, a été au fil des siècles l'objet de lutte entre États et grandes compagnies qui en faisaient le négoce. La transformation du corail dans des ateliers, qui était dispersée dans divers grands centres, comme Barcelone, Marseille, Gênes, ou Livourne, est maintenant la quasi-exclusivité de Torre del Greco, en Italie, près de Naples (fig. 16b).
Le corail acheté aux corailleurs méditerranéens, mais aussi dans le Pacifique, y est taillé par un grand nombre d'entreprises avant d'être revendu aux bijoutiers à un prix qui varie beaucoup selon la grosseur des pièces et leur qualité.