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© C. LepageDes demoiselles adultes
Après la période de la reproduction dans les récifs coralliens, des millions d'œufs éclosent pour donner des larves minuscules rapidement emportées par les courants. Il leur faudra ensuite retrouver leur chemin et rentrer chez elles... Mais le parcours est semé d'embûches, et puisqu'il n'y a plus de parents bienveillants pour les protéger, la mortalité est très importante : près de 70% des poissons juvéniles mourront dans les deux à trois premiers jours...
Une étude, récemment publiée dans Science, menée sur 24 faux récifs constitués de coraux morts près de la Grande Barrière de CorailGrande Barrière de Corail, en Australie, montre que l'énorme bruit émis sans cesse par les différents habitants des récifs (claquement de pinces des crevettes, grondement des vessiesvessies natatoires des poissons, etc.) guident les jeunes dans la bonne direction ! L'expérience, dirigée par Stephen Simpson, chercheur à l'Université d'Edimbourg en Grande-Bretagne, consistait à reproduire sur la moitié des sites seulement des bruits familiers de récifs coralliens.
Résultats : les récifs bruyants attiraient bien plus de poissons juvéniles, dont 80% étaient des apogons, le reste, des demoisellesdemoiselles (famille des pomacentridés) et autres poissons communs... Simpson en vient à suggérer que le son pourrait être un élément clé dans la restauration des récifs coralliens et qu'il pourrait participer aux efforts de conservation compte tenu de la forte mortalité des juvéniles. Travaillant toujours dans ce sens, le biologiste étudie à présent dans le Golf Persique un possible impact du vrombissement des navires sur les poissons. Ce bruit les attire-t-ils ou au contraire, les fait-il fuir ? Stephen Simpson aura bientôt un avis éclairé sur la question...